Les visites interprofessionnelles au banc d'essai

Si ces visites sont généralement appréciées, elles ne font pas l'unanimité auprès de tous les acteurs. Le personnel infirmier exprime notamment le besoin d'être davantage impliqué. C'est ce que révèle une enquête menée dans les hôpitaux suisses.

, 17 janvier 2025 à 13:47
dernière mise à jour le 6 octobre 2025 à 06:57
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Image basée sur l'IA: Medinside, élaborée avec Midjourney.
Les visites interprofessionnelles sont certes considérées comme l’un des gold standards dans le suivi des patients hospitalisés, mais en pratique, elles restent loin d’être une réalité pour tous les patients. Par manque de temps, ou parce qu’elles sont difficiles à organiser, il arrive fréquemment que la visite médicale et la visite infirmière restent deux interventions distinctes.
Une équipe d'internistes de l'Hôpital universitaire de Bâle (USB), de l'Hôpital cantonal Bâle-Campagne (KSBL) et de l'Hôpital cantonal d'Aarau (KSA) a étudié la perception qu’ont les professionnels de ces visites interprofessionnelles. Pour ce faire, une enquête a été menée auprès des médecins et du personnel soignant des services de médecine interne d’hôpitaux situés dans les trois régions linguistiques de Suisse.
Près de 550 médecins et professionnels infirmiers ont répondu à l’intégralité de l’enquête. Les participants ont été interrogés sur leurs pratiques habituelles, leurs attentes vis-à-vis des visites, ainsi que sur leur collaboration interprofessionnelle.
Dans l’ensemble, les visites interprofessionnelles ont été évaluées positivement, avec une note moyenne de 7 sur 10. Les jeunes participants se sont toutefois montrés plus critiques. Par ailleurs, les femmes ont exprimé une satisfaction moindre que les hommes, et le personnel infirmier ainsi que les médecins occupant une position hiérarchique plus basse se sont également déclarés moins satisfaits.
Les niveaux de satisfaction et la perception de l’efficacité des visites interprofessionnelles différaient significativement entre médecins et personnel infirmier. Selon les résultats qualitatifs de l’étude, les infirmiers seraient moins impliqués, ce qui s’expliquerait par plusieurs facteurs. Ainsi, un infirmier déplore «le volume des discussions entre médecins (...) qui ne sont pas toujours pertinentes pour les soins». À l’inverse, un médecin a mis en avant un manque de connaissances médicales de la part du personnel infirmier, nécessaires pour participer aux discussions.

Un peu moins de 13 minutes par patient

Malgré ces divergences, une majorité des participants ont indiqué préférer les visites interprofessionnelles aux visites séparées. Globalement, ces visites ont été jugées efficaces, obtenant une note de 7 sur 10. L’enquête a également révélé que l’existence de protocoles internes ou de listes de contrôle renforçait significativement leur efficacité. Les médecins et le personnel infirmier privilégient les visites interprofessionnelles structurées, où tous les membres de l’équipe sont activement impliqués.
Des directives claires et des protocoles bien définis favorisent la collaboration et améliorent la perception de la qualité des visites, comme l’indiquent les conclusions de l’étude. En outre, près de la moitié des personnes interrogées ont exprimé une préférence pour des visites effectuées en dehors de la chambre du patient, tandis qu’un quart (25,6%) ont opté pour des visites au lit du patient, et un autre quart pour des formes mixtes.
La durée moyenne des visites interprofessionnelles dans les hôpitaux suisses, calculée à partir des données fournies par les participants, atteint 12,9 minutes par patient.
Si les résultats mettent en évidence une forte adhésion aux visites interprofessionnelles, ils révèlent également des faiblesses en termes de satisfaction et d’efficacité, notamment dans le domaine des soins infirmiers. Les protocoles internes, manifestement associés à une plus grande satisfaction et à une meilleure efficacité, pourraient être améliorés par «l’élaboration de directives spécifiques, axées sur l’implication du personnel infirmier et la gestion du temps», concluent les auteurs de l’étude.
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