Fumer pourrait nuire à la santé de manière indirecte. Une étude menée par des chercheurs de l'Université technique de Dresde (TUD) montre que les substances nocives contenues dans la fumée et les mégots favorisent la croissance et la propagation de germes résistants dans l'environnement.
Comment cela se produit-il? «Les filtres de cigarettes contiennent de nombreuses substances toxiques issues de la fumée de cigarette», explique Uli Klümper, de l'Institut d'hydrobiologie de la TUD. «Dans notre étude, nous avons pu constater que ces filtres, lorsqu'ils se retrouvent dans les eaux, sont davantage contaminés par des germes potentiellement pathogènes et des bactéries résistantes aux antibiotiques. Ces dernières sont particulièrement bien adaptées pour survivre dans les conditions défavorables qui règnent au sein des filtres.»
- Peiju Fang, Diala Konyali, Emily Fischer, Robin Pascal Mayer, Jin Huang, Alan Xavier Elena, Gerit Hartmut Orzechowski, Uli Klümper et al: «Effects of cigarette-derived compounds on the spread of antimicrobial resistance in artificial human lung sputum medium, simulated environmental media and wastewater», in: «Environmental Health Perspectives», mars 2025.
- doi: 10.1289/EHP14704
Les mégots de cigarettes, colonisés par des bactéries résistantes et pathogènes, peuvent ensuite être transportés dans des rivières, d'autres cours d'eau ou sur des plages, contribuant ainsi à la propagation de bactéries dangereuses.
Il est nécessaire de prendre des mesures plus strictes contre l'abandon négligeant des mégots de cigarettes, conclut Klümper, selon un
communiqué de la TUD.
Davantage de bactéries résistantes dans les poumons
D'après les résultats de l'étude, les fumeurs sont également impactés: ils favorisent une propagation plus rapide des germes résistants dans leurs propres poumons, réduisant ainsi l'efficacité des antibiotiques administrés en cas d'infections pulmonaires futures.
Différentes espèces de bactéries peuvent en effet échanger des gènes de résistance par le biais de plasmides, de petites molécules d'ADN transmissibles entre elles. Cela permet à des bactéries auparavant sensibles aux antibiotiques d'acquérir une résistance et de ne plus pouvoir être traitées.
«Dans nos expériences avec un milieu pulmonaire artificiel, nous avons pu montrer que les substances toxiques qui s'accumulent dans le liquide pulmonaire à cause de la fumée de cigarette déclenchent une réaction de stress chez les bactéries», écrivent les chercheurs. Cela pourrait notamment plus que doubler la fréquence de transmission des gènes de résistance entre les bactéries.