Les chirurgiens viscéraux présentent leurs solutions contre la bureaucratie

La Société suisse de chirurgie viscérale dénonce la surcharge administrative qui pèse sur ses membres: des règles et procédures jugées inutiles, qu’elle propose de supprimer pour recentrer la médecine sur sa mission première, soigner.

, 4 septembre 2025 à 00:30
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Les chirurgiens veulent passer plus de temps au bloc opératoire qu’à remplir des formulaires administratifs | Image symbolique: DR
La Société suisse de chirurgie viscérale (SSCV) veut réduire le nombre de procédures administratives dans le domaine de la santé – et ne se limite pas à une simple déclaration d’intention.
Dans une lettre adressée aux présidents des partis et aux chefs de groupes parlementaires, elle dresse la liste des réglementations qui, selon elle, pourraient être supprimées sans que la qualité des soins ne soit compromise.
Ces propositions, émanant de chirurgiens de toutes les régions du pays, figurent dans son rapport annuel.

1. Des cimetières de données non structurés

Les statistiques de mortalité envoyées par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) aux hôpitaux avec deux ans de retard, tout comme les registres de l’Association pour l’assurance qualité dans les disciplines chirurgicales (AQC), de Swissnoso ou du cancer, ne seraient guère utiles. Ils produiraient surtout «d’énormes cimetières de données non structurées», écrit de manière provocatrice Markus K. Müller, président de la SSCV.

2. Des autorisations trop complexes

En Suisse romande, plusieurs membres se montrent particulièrement critiques face à la multiplication des obstacles liés aux autorisations d’études cliniques, aux démarches nécessaires pour exercer la profession ou encore au manque de lien avec la pratique lors de l’introduction de projets de numérisation, comme le dossier électronique du patient (DEP).
«Les doubles saisies, le manque d’intégration dans les systèmes existants et la faible utilisation par les patients rendent le potentiel du DEP largement théorique jusqu’à présent», souligne le chirurgien Frédéric Ris.

3. Moins de contrôle, plus de confiance

Dieter Hahnloser, pour sa part, critique la réglementation du temps de travail qui «ne tient pas suffisamment compte des spécificités des disciplines chirurgicales – avec des conséquences sensibles sur les soins, la formation continue et la satisfaction au travail».
Le Tessinois Andrea Donadini insiste lui aussi: il ne faut pas davantage de contrôle et de règles, mais davantage de courage pour simplifier et faire confiance aux médecins.

«Le niveau atteint est inacceptable»

Le président de la SSCV, Markus K. Müller, conclut ainsi: «Les interventions réglementaires ont atteint un niveau inacceptable – sans preuve de leur utilité. Nous demandons donc une déréglementation. Un arrêt de l’augmentation de la bureaucratie serait déjà un pas important.»
Selon la société, la surcharge administrative détourne les médecins de leur mission principale: soigner et améliorer la qualité de vie des patients.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi sur l’assurance maladie, et plus encore depuis sa révision de 2021, cette tendance se serait encore accentuée.
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