La réanimation? Une personne sur deux dit non

Lorsque les patients sont informés des chances et des risques d'une réanimation, près de la moitié la refuse. C'est la conclusion d'une nouvelle étude menée sous la direction de l'Hôpital universitaire de Bâle.

, 27 avril 2025 à 22:17
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Exercice pratique de réanimation: des secouristes s'entraînent sur un mannequin en prévision d'une situation d'urgence. Image symbolique: Michel E/Unsplash
Près d'un patient sur deux ne souhaite pas être réanimé en cas d'urgence, à condition d'avoir reçu une information complète. C'est la conclusion d'une étude menée dans six hôpitaux suisses et dirigée par l'Hôpital universitaire de Bâle. Cette recherche examine pour la première fois l'impact d'une prise de décision structurée et partagée sur la question de la réanimation.
Quelque 2'663 patients ont participé à cette étude pilotée par Sabina Hunziker, Christoph Becker et Sebastian Gross. Le résultat principal est éloquent: dans le groupe ayant été informé des chances de succès et des risques d'une réanimation grâce à un outil de communication spécialement conçu, 49% ont refusé cette intervention. Dans le groupe témoin, ils n'étaient que 38%.

Surestimation des chances de succès

«Les patients surestiment souvent les probabilités de succès d'une réanimation», explique Sabina Hunziker, professeure de psychosomatique à l'Hôpital universitaire de Bâle. Elle rappelle que le pronostic après un arrêt cardio-circulatoire est fréquemment défavorable, et que des séquelles neurologiques durables sont fréquentes. L'étude met clairement en évidence une sous-estimation des risques et une surestimation des chances de succès.
Le processus d'information s'est appuyé sur une check-list de communication guidant pas à pas les patients à travers les scénarios possibles, les pronostics et les données spécifiques. L'objectif était de faciliter une prise de décision éclairée sans être excessivement complexe. «Ces discussions ne sont pas aisées et peuvent engendrer des craintes chez les personnes concernées», souligne la professeure Hunziker. Néanmoins, l'étude révèle qu'une information claire permet aux individus de prendre plus facilement une décision qui leur correspond, et qu'ils sont également plus satisfaits de ce choix.

Respect de la volonté du patient

Malgré les recommandations des sociétés savantes encourageant une implication active des patients dans les décisions relatives aux mesures de prolongation de la vie, la pratique révèle une réalité différente. Il est fréquent que la volonté des personnes concernées ne soit pas suffisamment prise en compte en situation d'urgence. Cela peut mener à la mise en œuvre d'interventions médicales qui ne sont pas dans l'intérêt du patient.
Fort de ces constats, l'Hôpital universitaire de Bâle a adapté ses procédures. Les médecins du service de médecine interne bénéficient désormais de formations régulières pour mener des discussions informées et participatives concernant les décisions de réanimation. D'autres hôpitaux envisagent également d'adopter ces outils de communication et ce modèle de formation.
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