Le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) a obtenu de Swissmedic, l’Institut suisse des produits thérapeutiques, une autorisation de mise sur le marché pour son médicament de transfert de microbiote fécal (TMF).
Depuis décembre 2024, il devient ainsi la première organisation suisse à produire ce traitement, qui a pour but de moduler le microbiote intestinal et de traiter l’infection digestive à la bactérie Clostridioides difficile.
Ce nouveau traitement est destiné aux personnes de 18 ans ou plus souffrant d’une infection multirécidivante à la bactérie Clostridioides difficile (anciennement appelée Clostridium difficile) après un traitement préalable par antibiothérapie.
Cette infection se manifeste par de sévères diarrhées et une augmentation du risque de mortalité, nécessitant souvent une hospitalisation. Les récidives sont très fréquentes: un patient sur quatre rechute après une première infection, parfois à plusieurs reprises.
Le TMF repose sur le transfert d’une partie de la flore intestinale provenant des selles d’un donneur sain, après transformation en médicament. Ce traitement résulte d’une collaboration multidisciplinaire entre le Service des maladies infectieuses et le Service de pharmacie, indique le CHUV dans un
communiqué.
Une alternative aux antibiotiques
Le TMF peut être administré sous forme de gélules à avaler ou sous forme de suspension, acheminée jusqu’à l’intestin par sonde nasale ou coloscopie. Il constitue une alternative aux antibiotiques utilisés seuls.
Les chercheurs ont observé un taux de guérison de 95% grâce au TMF, contre seulement 30% avec les antibiotiques administrés seuls. «Son action rapide, quasiment du jour au lendemain, a un impact immense sur la qualité de vie des patients», explique Katerina Tatiana Galperine, responsable du projet TMF au Service des maladies infectieuses du CHUV.
Une évaluation est en cours par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour déterminer si le traitement pourra être pris en charge par l’assurance de base.
Jusqu’à présent, un financement temporaire du CHUV a permis de traiter environ 50 patients chaque année.
«Nous souhaitons élargir l’accès des patients à ce traitement, qui, à ce jour, n’a pas d’alternative aussi efficace pour traiter le Clostridioides difficile», affirme Katerina Tatiana Galperine. Son objectif: ouvrir l’accès au TMF à d’autres centres hospitaliers partenaires en Suisse.
Les responsables de projet Tatiana Galperine (à gauche) et Susanna Gerber