750 millions de francs: c’est le montant des pertes enregistrées par les hôpitaux l’an dernier. Ce chiffre, publié récemment par le cabinet de conseil KPMG et relayé par de nombreux médias, confirme une tendance déjà visible depuis plusieurs mois.
Comme nous l’avions décrit ici, même si les prestataires de services suisses ont connu une légère embellie ces derniers temps, leur situation reste fragile: les hôpitaux sont structurellement sous-financés.
Selon le rapport «Clarity on Healthcare» de KPMG, les dettes des hôpitaux ont par exemple augmenté de plus de 20% l’année dernière, tandis que les liquidités n’ont progressé que de 9% – ce qui signifie que leur situation d’endettement s’est encore détériorée.
Fait marquant: les cliniques de rééducation tirent mieux leur épingle du jeu. Grâce à des coûts d’infrastructure et d’investissement généralement plus faibles, ce segment reste globalement dans le vert. Florian Schmid, auteur de l’étude, explique dans le
«Neue Zürcher Zeitung» que cette résilience pourrait résulter d’un assainissement du marché au cours des dernières années. Les fusions, comme celle des cliniques Valens avec les centres de rééducation zurichois, ou la réorganisation de Zurzach Care, ont contribué à renforcer ce secteur. Plusieurs établissements ont d’ailleurs annoncé un taux d’occupation complet en 2024.
Évolution des marges EBITDA de différents segments | Graphique: KPMG
Les perspectives restent cependant préoccupantes. Près des deux tiers des directeurs financiers interrogés s’attendent à devoir mobiliser des financements exceptionnels au cours des cinq prochaines années. Concrètement, la moitié estime ces besoins à au moins 70 millions de francs.
Par ailleurs, 65 % des CFO anticipent certes une légère hausse des marges EBITDA cette année et l’an prochain. Mais l’augmentation attendue – en moyenne 0,75% –porterait la marge à seulement 4,1% en 2025 et 4,2% en 2026, un niveau insuffisant pour garantir un refinancement durable.
Tardoc: avis partagés
Dans son étude, KPMG a aussi sondé ce que les directeurs financiers attendent du Tardoc et des nouveaux forfaits ambulatoires. Quel sera l’impact du nouveau système tarifaire sur leurs établissements?
La réponse est: cela dépend à qui on pose la question.
Un quart des personnes interrogées déclarent ne pas être sûres. Un autre quart s’attend à des recettes plus élevées. 37,5% redoutent en revanche une baisse des recettes, tandis qu’un peu plus de 12,5% prédisent que le nouveau système n’entraînera pas ou peu de changements.
Ceux qui s’attendent à une amélioration tablent sur une hausse moyenne de 5,4%. Ceux qui anticipent une baisse calculent actuellement un recul moyen de 3,0%. Les attentes sont logiquement liées au portefeuille d’offres des différents établissements : des effets négatifs sont attendus dans le domaine médico-technique, tandis que la médecine interne et l’oncologie pourraient bénéficier du changement.
Une majorité (58%) exprime enfin des doutes quant à la capacité des systèmes techniques et de la collaboration avec les caisses-maladie à être pleinement opérationnels à la date butoir.
En bref: «Le manque d’informations claires sur la mise en œuvre du nouveau système tarifaire global a provoqué une grande incertitude chez de nombreux fournisseurs de prestations», indique l’étude. «Cela nuit à la sécurité de la planification et tend à aggraver la situation financière déjà tendue.»