Près d'un quart des patients sans réaction pourraient néanmoins être conscients: ils perçoivent les paroles qu’on leur adresse, comprennent certaines instructions, y réagissent et sont capables de se concentrer en conséquence. C’est ce que suggère une étude menée par une équipe internationale de chercheurs, portant sur un total de 241 personnes.
Ces patients avaient tous subi de graves lésions cérébrales. Ils ont reçu de brèves instructions dans le cadre de l’expérience, tandis que leur activité cérébrale était observée par IRM et/ou électroencéphalographie (EEG).
«Imaginez que vous ouvrez et fermez votre main», indiquait par exemple l’une des consignes, suivie un peu plus tard par l’ordre d’arrêter cet effort.
- Yelena G. Bodien, Judith Allanson, Paolo Cardone, Arthur Bonhomme, Jerina Carmona, Camille Chatelle, Srivas Chennu, Nicholas D. Schiff et al.: «Cognitive Motor Dissociation in Disorders of Consciousness», in: «New England Journal of Medicine», August 2024.
- doi: 10.1056/NEJMoa2400645
- Vers le communiqué du Mass General Brigham, chef de file.
Les enregistrements de l'EEG et de l'IRM ont montré que 60 personnes ont réagi de Lors de ces tests, les enregistrements d’EEG et d’IRM ont révélé que 60 participants réagissaient de manière répétée aux consignes. Les auteurs en concluent qu’un nombre significatif de patients cérébro-lésés ont conservé des capacités cognitives et continuent même à penser, bien que ces fonctions soient dissociées de leurs capacités motrices.
Ce type de réaction tend à se produire chez des patients plus jeunes ayant subi un traumatisme crânien, notamment après une phase prolongée de blessures.
De nouvelles questions éthiques et cliniques
«Certains patients souffrant de graves lésions cérébrales semblent indifférents au monde extérieur. Cependant, lorsque nous les examinons à l’aide de techniques avancées comme l’IRMf et l’EEG, nous détectons des activités cérébrales qui suggèrent le contraire», explique Yelena Bodien, responsable de l’étude au Massachusetts General Hospital. «Ces résultats soulèvent des questions éthiques, cliniques et scientifiques cruciales : comment pouvons-nous, par exemple, utiliser ces capacités cognitives invisibles pour établir une communication et favoriser le processus de rétablissement ?»
Cette découverte n’est pas totalement nouvelle. Des études antérieures avaient déjà montré que certains patients dans le coma réagissaient à des consignes orales (
voir plus). Cette nouvelle enquête, menée par 38 chercheurs de six pays, suggère toutefois qu’un nombre important de patients pourrait présenter une dissociation entre présence mentale et capacités motrices. Les auteurs parlent de dissociation cognitive motrice (
cognitive motor dissociation), et estiment que la proportion de patients concernés pourrait dépasser un quart.
Ces expériences montrent également que la dissociation cognitive motrice pourrait être plus répandue qu’on ne le pensait auparavant. En effet, ces réactions cérébrales n’ont pas seulement été observées chez des patients totalement incapables de réagir visiblement aux instructions, mais également chez ceux ayant conservé une certaine capacité de réponse.
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