En cas d'arrêt cardiaque, les femmes ont moins de chances de survivre que les hommes: une tendance observée à plusieurs reprises, ou du moins souvent soupçonnée. Une équipe de médecins et de chercheurs suisses s'est penchée sur la question: existe-t-il des disparités dans la prise en charge des patientes et des patients à l'hôpital? Et qu'en est-il en particulier dans les unités de soins intensifs?
Cette étude a été dirigée par Simon A. Amacher et Caroline E. Gebhard, médecins spécialistes en soins intensifs à l'Hôpital universitaire de Bâle.
L'équipe de recherche a analysé les données de 41’700 patients hospitalisés, dont 21’700 admis en soins intensifs. Les résultats ont révélé d'importantes différences entre les sexes sur plusieurs indicateurs clés:
- Le taux d'admission des femmes en unité de soins intensifs était plus faible.
- Le taux de mortalité des femmes était plus élevé.
- Les traitements post-réanimation étaient moins avancés ou approfondis pour les femmes.
- En conséquence, la durée d'hospitalisation des femmes en soins intensifs était plus courte que celle des hommes.
- Simon A. Amacher, Tobias Zimmermann, Pimrapat Gebert, Pascale Grzonka, Sebastian Berger, Martin Lohri, Valentina Tröster, Ketina Arslani, Hamid Merdji, Catherine Gebhard, Sabina Hunziker, Raoul Sutter, Martin Siegemund, Caroline E. Gebhard (ICU Trial Group): «Sex disparities in ICU care and outcomes after cardiac arrest: a Swiss nationwide analysis», in: «Critical Care», janvier 2025.
- doi: 10.1186/s13054-025-05262-5
Les écarts de mortalité étaient particulièrement marqués pour les arrêts cardiaques survenus en dehors de l'hôpital. Les données montrent que les réanimations par des non-professionnels étaient moins fréquentes et réalisées plus tardivement chez les femmes.
Le tableau d'ensemble révèle donc un déséquilibre significatif. Cependant, les auteurs de l'étude interprètent ces résultats avec prudence : les patientes étaient généralement plus âgées que les patients et présentaient davantage de comorbidités au moment de l'arrêt cardiaque. Ces facteurs pourraient expliquer le taux de mortalité plus élevé en soins intensifs, ainsi que certaines restrictions thérapeutiques.
Le taux de mortalité était notamment plus élevé chez les femmes dans le groupe d'âge de 50 à 69 ans, ce qui, selon l'étude, pourrait également être lié à des changements hormonaux survenant pendant la périménopause.
Taux d'incidence des admissions en soins intensifs (à gauche) et des décès en soins intensifs (à droite) par sexe et par groupe d'âge. Source: (Amacher et al., 2025)
Néanmoins, ces résultats donnent à réfléchir et soulignent la nécessité «d'examiner d'un œil critique les différences entre les sexes en matière de soins et de prise de décision, et de mener de futures études pour analyser plus précisément des facteurs tels que les décisions thérapeutiques et les normes de soins», conclut l'équipe d'Amacher, Gebhard et al.
L'analyse a également révélé que les femmes étaient plus souvent privées de mesures de maintien en vie à un stade précoce.
Enfin, l'étude, qui s'est déroulée sur une période longue allant de 2008 à 2022, a également mis en évidence une diminution des admissions en unité de soins intensifs pour arrêt cardiaque pendant la pandémie de Covid-19, les hommes étant alors plus touchés. Malgré cela, le taux de mortalité des femmes est resté plus élevé durant cette période.