COVID-19: l’héparine inhalée réduit le risque de décès et le recours à la ventilation artificielle

Peu coûteuse et largement disponible, l’héparine, administrée sous forme inhalée, réduit considérablement le risque de décès chez les patients gravement atteints de COVID-19. Cette substance pourrait aussi s’avérer efficace contre d’autres infections respiratoires graves.

, 29 septembre 2025 à 13:30
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Image symbolique: Mufid Majnun sur Unsplash
L’héparine, jusqu’à présent principalement connue comme anticoagulant injectable, a été administrée pour la première fois de manière ciblée à travers les poumons. Elle a alors déployé une triple action: antivirale, anti-inflammatoire et anticoagulante.
C'est ce que montre une étude menée par l'Australian National University et le King's College de Londres. Les résultats ont été publiés dans «eClinicalMedicine» et présentés lors du congrès annuel de l'European Respiratory Society (ERS) à Amsterdam.

Une arme pour lutter contre les formes graves

Les résultats proviennent d’une méta-analyse prospective rassemblant les données de six essais cliniques randomisés. Entre juin 2020 et décembre 2022, 478 patientes et patients de six hôpitaux situés en Argentine, au Brésil, en Égypte, en Indonésie, en Irlande et aux États-Unis ont été inclus.
Pour ces près de 500 patients hospitalisés pour cause de COVID-19, le traitement par inhalation a permis de diviser par deux le recours à la respiration artificielle. En outre, le taux de mortalité a nettement diminué par rapport aux thérapies standard.
Clive Page, professeur au King’s College de Londres et co-directeur de l’étude, souligne: «Il n’existe pas d’autre médicament présentant cette combinaison unique d’effets. Ce n’est qu’une question de temps avant la prochaine pandémie – et il y a toujours des patients atteints de formes sévères de COVID-19. Ce traitement est donc une arme précieuse.»

Potentiel en cas de grippe et de pneumonie

Les chercheurs voient dans cette approche un potentiel au-delà du COVID-19. L’héparine inhalée pourrait, en cas d’autres infections graves des voies respiratoires telles que la grippe, la pneumonie bactérienne ou le virus respiratoire syncytial, améliorer les pronostics, notamment chez les patients immunodéprimés.
Selon le directeur de l’étude, le professeur Frank van Haren (Australian National University, Sydney), d’autres essais cliniques européens devraient suivre. Parallèlement, une formulation optimisée du produit pour l’inhalation est en cours d’élaboration.
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