C'est «officiel»: le changement d'heure pèse sur les urgences

Heure d’hiver, heure d’été: après chaque passage, les admissions dans les hôpitaux augmentent jusqu’à 6,5%. Et ce n’est pas tant à cause des accidents.

, 1 octobre 2025 à 09:20
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Image: Srikanta H. U / Unsplash
De l’heure d’été à l’heure d’hiver, de l’heure d’hiver à l’heure d’été: ces perturbations de l’horloge interne peuvent-elles avoir des répercussions sur notre santé? Une équipe de l’Office fédéral de la statistique (OFS) s’est penchée sur ce sujet ancien, en concentrant ses recherches sur les effets à très court terme. Elle a comparé les admissions aux urgences les dimanches précédant et suivant le changement d’heure, sur la période 2011–2023.
En Suisse, environ 1'700 personnes se rendent chaque jour aux urgences – plus souvent en hiver, moins au printemps. Les jours ouvrables, les admissions sont supérieures d’environ 20% à celles du week-end (le lundi étant particulièrement chargé). Les pics surviennent vers 11 heures, ainsi qu’entre 15 et 16 heures les jours de semaine.
  • Tania Andreani, Stefano Puddu: «Impact du changement d’heure sur l’activité des hôpitaux», Office fédéral de la statistique, septembre 2025.
L’évaluation menée par les statisticiens Tania Andreani et Stefano Puddu révèle qu’après le passage à l’heure d’hiver, en octobre, les visites augmentent plus rapidement le matin qu’un dimanche ordinaire, avec un pic déjà atteint à 10 heures.
Les hospitalisations pour problèmes respiratoires sont alors en hausse, mais aucun changement n’est constaté pour les admissions liées aux blessures.
À l’inverse, lors du passage à l’heure d’été en mars, la courbe des admissions monte plus tard que le dimanche précédent le changement d’heure. Les hospitalisations sont légèrement moins nombreuses le matin, mais un peu plus fréquentes le soir.
Concernant les blessures externes (accidents), les variations restent modestes: jusqu’à 15 heures, la courbe suit le rythme habituel, mais à partir de la fin d’après-midi, on observe des valeurs légèrement supérieures à la normale.
«Ces résultats montrent que lors des dimanches du changement d’heure, les hôpitaux doivent compter avec des flux d’admissions d’urgence décalés dans le temps (plus tôt lors du passage à l’heure d’hiver, plus tard lors du passage à l’heure d’été)», concluent les auteurs: «Le lundi soir, ces décalages sont quasiment totalement résorbés».
Globalement, selon les estimations, le passage à l’heure d’été entraîne une augmentation des admissions aux urgences, indépendamment des caractéristiques démographiques. Le nombre de cas progresse dans tous les groupes d’âge: environ +6% chez les moins de 65 ans, et +5% chez les 65 ans et plus. Les hospitalisations pour troubles circulatoires et respiratoires sont plus fréquentes que celles pour blessures.
«Les variations observées ne sont sans doute pas suffisamment importantes quantitativement pour que des mesures particulières doivent être prises par les hôpitaux.»
Lors du passage à l’heure d’hiver, le schéma est similaire, avec une hausse significative des cas: +5,2% chez les moins de 65 ans et +2,7% chez les 65 ans et plus.
En résumé, le nombre d’admissions augmente quel que soit le changement d’heure: +6,5% au printemps et +3,5% en automne.
«Les variations observées ne sont sans doute pas suffisamment importantes quantitativement pour que des mesures particulières doivent être prises par les hôpitaux», estime-t-on: «Toutefois, le fait que le changement d’heure entraîne une variation significative du volume des hospitalisations d’urgence constitue un signe clair que les organismes y sont sensibles».
  • services d’urgence
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