Appels d'urgence en vidéo: plus de sécurité, moins d'interventions

La transmission vidéo pourrait transformer le travail des centrales d’appel: elle réduit les trajets d’ambulance superflus, sans compromettre la sécurité. C’est ce que suggère une étude de grande envergure.

, 18 août 2025 à 13:44
dernière mise à jour le 14 octobre 2025 à 07:46
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Image: Roberto Martins / Unsplash
Le streaming vidéo peut-il améliorer le triage des appels médicaux d’urgence? Quelle est son utilité par rapport à un simple appel téléphonique? Telles sont les questions qui ont motivé une étude récemment menée au Danemark.
Les résultats sont parlants: lorsque la communication vidéo avec la centrale d’urgence est possible, le classement des cas gagne en précision, les ressources sont mieux utilisées et la sécurité des patients n’est pas compromise.
  • Martin Faurholdt Gude, Jan Brink Valentin, Milena Meisner-Jensen et al.: «Video Streaming or Telephone Communication During Emergency Medical Services Dispatch Calls. A Cluster Randomized Clinical Trial», dans: Jama Network Open, juillet 2025.
  • doi: 10.1001/jamanetworkopen.2025.19020
Une équipe composée de membres des universités d'Aarhus et d'Aalborg ainsi que des services de secours de la région du Jutland central a analysé les appels d’un centre d’intervention desservant 1,3 million d’habitants. Les opérateurs ont été répartis en deux groupes: un groupe chargé de la vidéo-transmission, qui a traité 8'124 appels durant la période d’observation, et un groupe chargé uniquement des appels téléphoniques, qui en a reçu 10'621.
Dans un second temps, les chercheurs ont évalué le pourcentage de cas nécessitant l’envoi d’une ambulance en urgence, ainsi que la mortalité, les hospitalisations dans les 24 heures pour les patients initialement non transportés, les admissions en soins intensifs et la durée des appels.

Moins de réhospitalisations

Le niveau d’urgence le plus élevé a été déclaré moins souvent lors de l’utilisation de la vidéo-transmission (-5%). Cette évolution ne semble pas avoir eu d’effet négatif sur la sécurité des patients: ni la mortalité à 30 jours, ni le nombre d’admissions en soins intensifs n’ont augmenté. Mieux encore, le nombre de patients hospitalisés dans les 24 heures suivant l’absence d’envoi d’une ambulance s’est révélé plus faible dans le groupe vidéo.
Les données montrent donc qu’une observation en direct peut contribuer à éviter des interventions ambulancières inutiles. Les services de secours pourraient tirer parti de ces résultats et envisager l’introduction d’un service de streaming vidéo sécurisé: la transmission vidéo pourrait s’avérer un moyen particulièrement efficace d’améliorer le triage.

Conception de l'étude, méthodologie, résultats

  • Période et cadre: janvier à avril 2023, centre de contrôle des opérations dans la région danoise du Jutland central.
  • Design: essai randomisée en cluster. 18'745 appels d'urgence – dont 8'124 dans le groupe vidéo et 10'621 dans le groupe téléphonique
  • Résultat 1: moins de cas dans le niveau d'urgence le plus élevé: 5,0% d'interventions urgentes les plus élevées en moins dans le groupe vidéo (IC à 95% : 0,0-10,1% ; P = 0,049).
  • Résultat 2: patients non transportés. Pas de différence significative dans la fréquence des non-transports (+4,5%, IC 95% : -1,1% à 10,0% ; P = 0,11).
  • Résultat 3: hospitalisation dans les 24 heures. 2,0% de cas en moins avec l'utilisation de la vidéo.
  • Résultat 4: durée des appels plus longue dans le groupe vidéo. En moyenne, 3,7 minutes dans le groupe vidéo contre 3,2 minutes pour le téléphone.
  • Mortalité et admission en USI: pas de différence statistiquement significative entre les deux groupes pour la mortalité à 30 jours ou l'admission en USI.

  • services d’urgence
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