Aide et soins à domicile: une clause contractuelle anti-violence

Le service genevois d’aide et de soins à domicile de l'IMAD a élaboré un programme pour protéger ses employés contre les agressions et le harcèlement – comprenant notamment un entraînement dans un appartement dédié à la simulation.

, 21 mars 2025 à 14:40
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Souvent seule en route: une collaboratrice de l'ASD/Spitex. | Image: Imad
L'IMAD (Institution genevoise de maintien à domicile) genevoise compte près de 2'400 employés se déplaçant généralement seuls. Tant lors de leurs interventions auprès des clientes et clients que sur le trajet, ils peuvent être exposés à des risques.
Pour cette raison, l'IMAD a développé un ensemble de mesures intitulé «Sécurité des collaborateurs isolés» – soit un programme visant à renforcer la sécurité pour les collaborateurs qui se déplacent seuls.
Présenté par le «Magazine ASD», ce projet ne se limite pas à la gestion des agressions. Il s’agit également d’identifier les facteurs de risque, de reconnaître les signes avant-coureurs de violence et de tenter de les prévenir en adoptant une posture et un comportement appropriés, explique le directeur Olivier Perrier-Gros-Claude.

Violence verbale avant-tout

En 2023, l’IMAD a recensé près de vingt incidents violents, chiffre qui est monté à une trentaine en 2024. «La majorité relève de la violence verbale», précise Caroline Mange-Timis, médecin du travail à l’IMAD. En 2024, la moitié de ces incidents ont entraîné une incapacité de travail.
Cette augmentation pourrait également refléter une meilleure systématisation du recensement des incidents. Il est probable qu’un certain nombre d’entre eux ne soient toujours pas signalés, notamment lorsqu’ils ne causent pas de dommages immédiats.
C’est pourquoi le projet vise aussi à améliorer le signalement des cas de violence. Cette démarche devrait permettre, en retour, de renforcer les mesures de prévention, notamment en s’appuyant sur des exemples de bonnes pratiques.

Clause contractuelle anti-violence

Parmi les mesures phares du projet figure «la déclaration systématique des cas d’agression, avec analyse des situations, ainsi que la formation des collaborateurs de terrain et du management», explique encore Caroline Mange-Timis dans le «Magazine ASD». Le programme prévoit également «l’insertion dans le contrat de soins d’une clause stipulant que toute atteinte à l’intégrité physique ou psychique des collaborateurs entraîne la fin des prestations de l’institution, accompagnée d’un travail de proximité renforcé avec les médecins prescripteurs».
Depuis 2018, l’IMAD forme tous les chefs d’équipe, ainsi qu’environ 500 employés, à la gestion de la violence via un programme spécifique.
«Nous avons travaillé à partir d’exemples concrets tirés du quotidien», explique Sandrine Fellay Morante, directrice du campus IMAD. La formation porte notamment sur des techniques de communication verbale et non verbale, ainsi que sur d’autres méthodes pour réagir efficacement en cas de violence verbale ou physique.

Nouvelle salle de formation: un appartement

Dans le cadre du programme «Sécurité des collaborateurs isolés», cette formation est aujourd’hui rééditée et enrichie de nouveaux modules. Un appartement aménagé à des fins de simulation fait désormais office de nouvelle salle de formation sur le campus de l’IMAD.
Des sessions y sont organisées pour former conjointement les collaborateurs des services d’aide et de soins à domicile, les préparer à divers scénarios et les accompagner dans le suivi d’un incident.
Cela permet aux collaborateurs de clôturer un cas dans un cadre sécurisé et d’en tirer des enseignements, conclut la directrice du campus IMAD.
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