«Tolérance zéro» face aux incivilités à l’Hôpital du Valais

Insultes, menaces, gestes déplacés: les incivilités envers le personnel hospitalier valaisan explosent. L’institution réagit avec une directive, une campagne de sensibilisation et de nouvelles mesures de prévention.

, 13 octobre 2025 à 09:49
image
Image: Hôpital du Valais.
Ce sont des chiffres alarmants: les incivilités envers le personnel hospitalier valaisan ont bondi de 68 pour cent en deux ans.
Face à cette hausse préoccupante, l’Hôpital du Valais lance une campagne et une directive de «tolérance zéro» à l’égard des agressions, insultes et comportements irrespectueux, indique l’institution dans un communiqué.
Les cas recensés seraient passés de 193 en 2023 à 244 en 2024, et déjà 207 à la mi-août 2025. Ces incivilités iraient des insultes et menaces aux gestes déplacés, en passant par des atteintes à la personnalité ou la diffusion non autorisée d’images sur les réseaux sociaux.
«Il s’agit d’une problématique nationale, d’un phénomène sociétal auquel nous devons faire face» a déclaré Chrystel Carrupt, directrice ad intérim du Centre hospitalier du Valais romand, à l’occasion d’une conférence de presse mercredi dernier.

Protéger les collaborateurs

L’hôpital, qui compte plus de 6200 collaboratrices et collaborateurs, s’est doté d’une directive institutionnelle afin de protéger son personnel, de dissuader les comportements hostiles et de rappeler qu’aucune agression ne restera sans suite.
La directive s'appuie sur le droit suisse, qui garantit l’intégrité physique, psychique et sexuelle ainsi que le respect du droit à l'image et à l'honneur. «Notre rôle d’employeur est de protéger celles et ceux qui œuvrent chaque jour au service de la population», souligne Pascal Strupler, président du Conseil d’administration.
Cette initiative s’accompagne d’une campagne de sensibilisation intitulée «Merci pour votre bienveillance envers le personnel hospitalier», déployée dans les établissements du canton.
image
Image: Hôpital du Valais.
Parallèlement, une formation en ligne sera proposée au personnel du Valais romand afin d’identifier les situations à risque et d’adopter des stratégies de prévention. Au Centre Hospitalier du Haut-Valais (SZO), des formations à la désescalade existent déjà depuis plusieurs années.
Un lien intranet permettra de documenter plus efficacement les incidents. L’Hôpital du Valais met également à disposition un soutien psychologique et juridique pour les victimes.

«Une situation absurde»

Invité de l'émission Forum sur la RTS, le directeur général de l’Hôpital du Valais, Éric Bonvin, a reconnu qu’il est «difficile de trouver une cause précise» à la hausse des incivilités.
Selon lui, cette tendance reflète un climat social et sociétal tendu qui dépasse le cadre hospitalier: «Cela rend le travail des soignants extrêmement difficile et conduit à une situation absurde: les gens viennent pour se faire soigner, mais la qualité des relations s’en trouve fortement péjorée.»
Puis d'ajouter: «Notre démarche est un appel à un sursaut citoyen pour davantage de respect du personnel soignant. La tonalité de cette campagne se veut préventive et conviviale».
«L’Hôpital du Valais a constaté une hausse de 68% des incivilités en deux ans: interview d’Eric Bonvin», Forum, RTS, 8 octobre 2025. Durée: 4 minutes.

Partager l'article

Loading

Commentaire

Plus d'informations sur ce sujet

image

«Dans le quotidien hospitalier, il ne reste souvent que peu de temps pour les victimes de violence»

En tant qu'infirmière médico-légale, Dominice Häni accompagne les victimes de violence, documente les blessures et préserve les traces.

image

Hôpital du Valais: Florence Selz Amaudruz confirmée à la tête des urgences

Médecin cheffe ad interim depuis début 2023, Florence Selz Amaudruz est désormais officiellement nommée à la tête du Service des urgences du Centre hospitalier du Valais romand.

image

Cinq règles d'or pour parler chiffres avec ses patients

Résultats d'analyse, risques, effets d'un traitement: les chiffres sont omniprésents en médecine, mais ils sont souvent source de confusion. Comment les présenter de manière claire et constructive? Une équipe de recherche propose des pistes.

image

Valais: Dominik Lorenz passe du SZO à l’État

Après quatre ans à la tête des ressources humaines du Centre hospitalier du Haut-Valais, Dominik Lorenz a été nommé chef du Service RH du canton.

image

Hôpital fribourgeois: un patient violent condamné

Violences, injures et comportements racistes envers le personnel de l’HFR ont valu à un patient d’être condamné – une affaire qui illustre la tension croissante entre mission de soins et sécurité du personnel hospitalier.

image

Le Centre hospitalier du Haut-Valais accueille un Skills Lab

À Brigue, les jeunes médecins en traumatologie et orthopédie peuvent s'exercer dans un tout nouveau centre à la pointe de la technologie.

Du même auteur

image

Septième cas mondial de rémission du VIH après une greffe de cellules souches

Un sexagénaire est considéré guéri du VIH. Selon des scientifiques berlinois, son cas est d’autant plus remarquable que les cellules souches transplantées n’étaient pas résistantes au virus.

image

Épilepsie et mort subite: «Une révolution culturelle s'impose»

Philippe Ryvlin, neurologue au CHUV, a identifié deux nouveaux facteurs de risque majeurs du décès soudain d’une personne atteinte d'épilepsie sans cause apparente. Interview.

image

Embouteillage pour l'obtention d'un titre: l'ISFM réduit les frais de moitié avec effet rétroactif

Suite aux interventions de plusieurs associations, l’ISFM réagit en réduisant temporairement de moitié les frais d’obtention d’un titre, avec effet rétroactif. Cette concession ne marque toutefois pas la fin du problème, bien au contraire.