Une avancée suisse contre les maladies cutanées

L’Empa développe une peau imprimée en 3D, à partir d’un hydrogel de gélatine de poisson – un modèle qui ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche et le traitement des maladies de la peau.

, 15 avril 2025 à 12:44
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«La gélatine provenant de poissons d'eau froide comme la morue, le colin et l'aiglefin peut être réticulée en quelques gestes pour devenir un hydrogel non gonflant qui peut être imprimé avec des cellules de peau.» | Image: Empa
Les chercheurs de l’Empa – laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche – en collaboration avec des médecins, ont développé une peau artificielle innovante à base d’hydrogel. Cette avancée ouvre la voie à la reproduction de tissus cutanés complets en laboratoire.
Ce nouveau matériau, conçu à partir de gélatine extraite de la peau de poissons d’eau froide, permet de créer des modèles en trois dimensions de la peau humaine. L’objectif: mieux comprendre les maladies cutanées et développer de nouveaux traitements. Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’initiative de recherche suisse «Skintegrity.CH».
«Bien que des affections telles que le cancer de la peau, les plaies chroniques ou encore les maladies auto-immunes cutanées soient très répandues, nous en savons encore trop peu sur leurs origines et sur la manière de les traiter efficacement», souligne l’Empa dans un communiqué.

Imiter la matrice extracellulaire de la peau

Pour répondre à ce défi, les scientifiques ont mis au point un modèle de peau humaine capable de simuler diverses pathologies. À la base de ce modèle, un hydrogel biomimétique, c’est-à-dire capable d’imiter la matrice extracellulaire de la peau. Il s’agit de polymères dont les chaînes sont faiblement réticulées, leur permettant d’absorber de grandes quantités d’eau – une propriété essentielle pour reproduire la texture hydratée du tissu cutané.
L’un des atouts majeurs de ce matériau réside dans sa compatibilité avec l’impression 3D. «L’impression 3D est un outil puissant pour le développement de modèles de peau. Elle permet d’insérer les cellules dans la matrice d’hydrogel selon des motifs précis», explique Kongchang Wei, responsable du groupe de recherche «Tissue-Regenerative Soft Materials». «Elle nous offre également la possibilité de combiner différents matériaux et types cellulaires au sein d’une même structure, à l’image de la peau réelle.»

Cicatrisation des plaies

Outre son usage en modélisation, l’hydrogel, sans cellules vivantes, pourrait aussi servir de pansement. «La peau de poisson est actuellement à l’étude comme moyen prometteur de cicatrisation des plaies», précise le chercheur. «Notre hydrogel est plus homogène, plus sûr, et peut être adapté sur mesure aux besoins des patients – en termes de forme, d’épaisseur ou de résistance. L’intégration de médicaments dans le matériau serait également envisageable.»
Une demande de brevet a d’ores et déjà été déposée.
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