En avril, le Sanatorium Kilchberg introduira la semaine de 37 heures pour le personnel soignant en travail posté. Cette clinique privée, spécialisée en psychiatrie, psychothérapie et psychosomatique, vise ainsi à «lutter contre la pénurie de personnel qualifié dans le domaine des soins et à se positionner comme un employeur attractif», selon un communiqué officiel.
«Avec ce projet, nous jouons un rôle de pionnier dans le domaine des soins psychiatriques», explique Harald Müller, directeur des soins.
Concrètement, le temps de travail quotidien sera réduit d'une heure, sans incidence sur le salaire. Ces derniers mois, le Sanatorium Kilchberg a mené une série de tests sur ses processus et ses structures, tant au sein des équipes soignantes que dans d'autres services, afin d’assurer la qualité des soins malgré la diminution du temps de travail, tout en limitant au maximum l’intensification des tâches et l’augmentation du stress du personnel.
La direction de l’établissement attend de cette réforme «une réduction significative des postes vacants dans les soins, une plus grande stabilité au sein des équipes, une diminution des absences de courte durée pour maladie, ainsi qu’une meilleure satisfaction des collaborateurs grâce à un équilibre accru entre vie professionnelle et vie privée».
Le Sanatorium Kilchberg emploie environ 650 personnes et dispose de 184 lits répartis dans dix unités psychiatriques proposant des soins de jour en milieu hospitalier.
«Run to the bottom»?
Cette initiative s’inscrit dans un contexte où, dès cet été, les hôpitaux et cliniques privées zurichoises cesseront de recourir au personnel temporaire dans le domaine des soins. Face à cette contrainte, ils doivent offrir des conditions de travail plus attractives pour limiter la fluctuation des effectifs et enrayer la « fuite du travail posté ».
Plus largement, les établissements hospitaliers expérimentent depuis plusieurs années de nouveaux modèles en matière de congés, de compensations et d’aménagement du temps de travail.
En 2022, l’hôpital GZO de Wetzikon avait déjà instauré, en pleine période Covid, une semaine de 37,8 heures pour le personnel soignant, tout en maintenant les salaires. Environ 260 employés avaient bénéficié de cette mesure, qui s'était traduite par une amélioration de la satisfaction des collaborateurs. Toutefois, pour maintenir ce modèle, l’hôpital avait dû créer 26 postes supplémentaires, entraînant une hausse des coûts. Sa pérennisation reste incertaine, notamment en raison de la situation financière fragile de l’établissement.
L’an dernier, le Sanatorium Kilchberg avait déjà mis en place plusieurs mesures pour renforcer son attractivité sur le marché du travail : cinq jours joker pour le personnel en horaires décalés, une prime pour les prises de service à court terme, ainsi que la possibilité d’acquérir jusqu’à dix jours de congés supplémentaires par an.
La mise en place de la semaine de 37 heures entre à présent dans une phase pilote de 12 mois et les ajustements nécessaires seront effectués.