Le RHNe, toujours dans l’impasse budgétaire

Le Réseau hospitalier neuchâtelois enregistre des déficits persistants, une situation complexe entre rationalisation des infrastructures et renforcement du soutien politique.

, 15 janvier 2025 à 15:41
dernière mise à jour le 19 mai 2025 à 14:26
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L'hôpital RHNe à La Chaux-de-Fonds | Image: DR
Le Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) a présenté ses chiffres pour l’année 2025: il prévoit un déficit de près de 20 millions de francs.
Malgré un chiffre d’affaires prévu à 454 millions de francs, soit une augmentation de 3,5%, le RHNe doit faire face à une hausse générale des coûts et à la nécessité d'indexer les salaires sur l’inflation. À cela s’ajoute le défi de la pénurie de personnel médical et soignant.
«Les tarifs peinent à suivre et, pour le moment, ne compensent pas cette inflation», explique Philippe Eckert, président du conseil d’administration du RHNe, à la «Radio Télévision Suisse» (RTS). Et d’ajouter: «La difficulté est de savoir la place qu'aura l'hôpital d'ici à 15 ans et de prévoir l'organisation spatiale, tout en développant l'activité sur une autre échéance, soit d'ici à cinq ans.»

Déficit persistant

En février 2024, la direction du RHNe prévoyait encore un déficit de 14 millions de francs pour l'ensemble de l'année. Il n'en a rien été: la perte du groupe hospitalier cantonal neuchâtelois a été deux fois plus importante que prévu, avec 28 millions de francs. C'est ce qu'a déclaré Léonard Blatti, CFO du groupe, au journal économique «L’Agefi». La marge d'Ebitda était négative, avec un chiffre de -2,8%.
Le RHNe était le premier hôpital suisse à communiquer les résultats annuels officiels de l'année 2024, envoyant un signal d'alarme clair. L'année précédente, déjà très critique, le RHNe avait annoncé une perte de 22 millions de francs, bien qu'un programme d'économies et de mesures ait déjà été mis en œuvre.
Depuis 2019, le RHNe a reçu 200 millions de francs en fonds propres de l’État, mais il reste confronté à un besoin croissant de financements externes.

Atténuer la crise

Première piste pour pallier cette crise financière: renforcer les partenariats public-privé. Le RHNe a, par exemple, acquis 30% du Groupe Santé Volta afin de délocaliser une partie de la chirurgie ambulatoire et de réduire les coûts, évoque «L’Agefi».
Il s’agit également d’attirer davantage de médecins généralistes afin de réduire la forte demande pesant sur les hôpitaux. Les deux centres du RHNe assurent la fourniture en soins pour une population de 178'000 habitants, dans un contexte de pénurie de personnel. À cela s’ajoutent les coûts fixes élevés liés aux infrastructures multisites.
Le canton a mis en place des mesures incitatives pour encourager l’installation de professionnels indépendants. Parallèlement, le RHNe propose des offres flexibles aux professionnels, incluant la location, le salariat ou un statut hybride.
«On doit sortir de l'hospitalo-centrisme et amener à la population un maximum de prestations de proximité et concentrer ce qui doit l'être» explique Philippe Eckert pour la RTS.
Par ailleurs, le RHNe élabore une feuille de route des options stratégiques pour l'ambulatoire et le stationnaire, un projet de vision à long terme s'étendant jusqu'en 2040.

Perspectives

Le RHNe anticipe une augmentation des crédits en 2025, qui pourrait compenser le déficit persistant. Cependant, cette situation reste instable sans un soutien explicite de l’État, comme cela a déjà été observé dans le cas de l’hôpital de Wetzikon.
En outre, l’adoption des nouveaux tarifs Tardoc, prévue pour 2026, devrait permettre de mieux couvrir le coût réel des soins ambulatoires face à l'inflation.
Interview de Philippe Eckert dans l'émission «Forum» de la «RTS», 28 janvier 2025

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