L'intelligence artificielle (IA) améliore le déspistage du cancer du sein, en attirant l'attention des radiologues vers des zones suspectes. C'est ce que révèle une étude menée sous la direction de Jessie J. J. Goomers vom Radboud du University Medical Center de Nijmegen aux Pays-Bas, publiée dans la revue scientifique «Radiology».
À l’aide d’un système de suivi oculaire («eye‑tracking»), l’équipe de recherche a comparé l’analyse de mammographies réalisée sans assistance à celle effectuée avec un outil d’IA. Au total, 150 mammographies ont été lues par 12 spécialistes, dont la moitié présentait une tumeur.
Concentration accrue, sans perte de temps
Le système d’IA utilisé dans l’étude s’appelle
Transpara (version 2.1.0 ; ScreenPoint Medical) – un dispositif autorisé par la Food and Drug Administration (FDA) américaine et disposant du marquage CE en Europe.
Avec l’appui de l’IA, la précision des radiologues s’est améliorée. Fait notable: ils ont consacré davantage de temps aux zones réellement atteintes lorsque l’IA les signalait comme suspectes. La sensibilité, la spécificité et le temps de lecture moyens sont restés inchangés.
«Dans l’ensemble, l’IA n’a pas seulement aidé les radiologues à se concentrer sur les cas les plus pertinents; elle a aussi attiré leur attention sur les éléments les plus critiques de ces cas» —Jessie J. J. Gommers, directrice de l’étude
«Les radiologues semblent adapter leur manière d’évaluer les images au risque estimé par le système», explique Gommers dans un
communiqué. Lorsque l’évaluation de l’IA était normale, ils examinaient l’image plus rapidement; lorsque le risque était élevé, ils la vérifiaient plus attentivement. Les annotations de l’IA servaient alors de repères visuels, à la manière d’un second observateur.
Mise en garde contre une confiance aveugle
Si ces résultats sont encourageants, l’équipe met en garde contre un usage irréfléchi de cette technologie. Des indications erronées pourraient conduire à manquer des carcinomes ou à multiplier des rappels inutiles. Les radiologues doivent apprendre à interpréter de manière critique les informations fournies par l’IA», souligne Gommers. La responsabilité du diagnostic final doit donc continuer à incomber aux spécialistes.
L'IA dans le domaine de la médecine
Le Science Media Center Germany (SMC) a demandé à des chercheurs d’établir un état des lieux du déploiement de l’IA dans la pratique clinique en Allemagne.
Les experts ont été interrogés sur les domaines médicaux où l’IA est déjà utilisée ou pourrait l’être à l’avenir, sur les systèmes actuellement en place, sur les moyens d’assurer la qualité et la transparence, sur les obstacles à l’adoption et sur la manière de gérer la confiance et les responsabilités autour de l’utilisation de l’IA.
Dans des travaux complémentaires, l’équipe souhaite déterminer à quel moment précis les indications de l’IA doivent être affichées: immédiatement ou uniquement à la demande. Elle travaille aussi sur des procédures permettant de mieux évaluer l’incertitude propre à l’IA, l’objectif étant de n’utiliser l’aide à la décision que lorsqu’elle apporte une valeur ajoutée démontrée.