Chaque année, la Fondation Leenaards de Lausanne décerne son prix scientifique à des projets de recherche translationnelle menés dans l’arc lémanique. Ce prix vise à financer des recherches explorant une problématique clinique sous un angle original.
En 2025, deux projets portés par des équipes de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE), des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont été récompensés. Ensemble, ces projets bénéficieront d’un soutien financier global de 1,4 million de francs.
Les deux lauréats sont:
- le projet de Jasmine Abdulcadir et Daniel Huber, qui cherche à évaluer la sensibilité des organes génitaux féminins pour améliorer la prise en charge clinique, chirurgicale et psychosexuelle des patientes victimes de mutilations;
- le projet de Li Tang, Camilla Jandus et Olivier Michielin, qui vise à réduire la résistance aux immunothérapies chez les patients atteints de cancer.
Femmes victimes de mutilations
Les mutilations génitales féminines (MGF) touchent environ 24'600 femmes et filles en Suisse, 600'000 en Europe et jusqu’à 230 millions dans le monde. Face à ce constat alarmant, Jasmine Abdulcadir – médecin adjointe agrégée au Service de gynécologie des HUG, professeure assistante à l’UNIGE et co-directrice du programme «Sciences, sexes, identités» – s’associe à Daniel Huber, professeur ordinaire en neurosciences fondamentales, pour développer un outil technologique inédit.
Ce dispositif, connecté, portable et auto-administrable, permettra aux patientes d’évaluer chez elles leur sensibilité, en toute confidentialité. L’objectif est de proposer une méthode d’évaluation non invasive, évitant des examens cliniques souvent perçus comme intrusifs.
«Grâce à ce nouvel outil, les femmes pourront évaluer elles-mêmes, en toute intimité, la sensibilité sensorielle de leurs organes génitaux, notamment après une mutilation, un traitement médical ou une reconstruction chirurgicale. Cette recherche aborde un sujet encore tabou et comble une lacune majeure dans l’état des connaissances actuelles», souligne l’UNIGE.
Résistance à l’immunothérapie
Le second projet primé s’attaque à un défi de taille en oncologie: la résistance des cellules cancéreuses aux immunothérapies. Dirigée par Li Tang, professeur ordinaire au Laboratoire de biomatériaux pour l’immuno-ingénierie de l’EPFL, en collaboration avec Camilla Jandus, professeure assistante au Département de pathologie et immunologie et Olivier Michielin, chef du Département d’oncologie des HUG et professeur ordinaire au Département de médecine, l’équipe explore une piste encore peu étudiée: les propriétés mécaniques des cellules tumorales.
Selon les chercheurs, en rigidifiant la structure des cellules cancéreuses, il serait possible de leur faire perdre une partie de leur résistance naturelle. Cela favoriserait l’action des lymphocytes T, les cellules immunitaires chargées de les reconnaître et de les éliminer.
«Cette approche innovante pourrait non seulement améliorer l’efficacité des thérapies existantes, mais aussi permettre d’identifier de nouveaux biomarqueurs afin de mieux prédire la réponse des patients et de personnaliser les traitements», explique l’UNIGE.