Métier en voie de disparition: les préparateurs en pharmacie tirent depuis longtemps la sonnette d’alarme pour alerter sur leur situation. En Suisse romande, ces professionnels ont permis de remplacer ponctuellement les pharmaciens, une dérogation remise en question depuis plus de dix ans.
Les préparateurs en pharmacie constituent une exception romande: ce métier n’existe que dans quelques cantons suisses francophones, et ils ne sont, par exemple, plus qu’une soixantaine dans le canton de Genève. La plupart d’entre eux ont désormais plus de cinquante ans. En cause : la disparition, en 2001, d’une filière de formation dédiée.
Leur fonction, créée dans les années 1960, offrait une solution au manque de pharmaciens grâce à une formation et des prérogatives plus étendues que celles des assistants en pharmacie.
«Depuis soixante-cinq ans, les préparateurs remplacent avec entière satisfaction les pharmaciens. Personne n’avait rien à redire lorsqu’ils le faisaient durant le Covid.» Stéphane Florey, député genevois (UDC)
Une profession en tension
Face aux volontés de réformer les droits dérogatoires du métier, une
pétition de l’Association genevoise des préparateurs en pharmacie avait recueilli environ 30’000 signatures en 2008, permettant ainsi de tempérer ces réformes. Les préparateurs en pharmacie de Suisse romande continuaient ainsi d’exercer à la place des pharmaciens, en cas de maladie, de formation ou encore de congés.
Aujourd’hui, l’État souhaite durcir les règles et prévoit de mieux faire respecter un règlement déjà en vigueur depuis plusieurs années, limitant ce droit de remplacement.
«Depuis de nombreuses années, cette question continue à faire l’objet d’interprétations, parfois abusives (remplacements très répétitifs) menant certaines pharmacies hors des clous, là où d’autres s’en tiennent rigoureusement à la législation», affirme le Département de la santé et des mobilités (DSM).
Pourtant, les voix se multiplient contre cette réforme: «Nous priver de cette prérogative met en danger le fonctionnement des petites officines et nous fait craindre une baisse de notre rémunération, voire une perte d’emploi, car le pharmacien devra trouver d’autres moyens d’être secondé!» déclare une préparatrice en pharmacie au journal
«La Tribune de Genève».
Un délai qui ne fait pas l’unanimité
À l’issue de négociations qui ont duré un an et demi avec les pouvoirs publics, l’Association genevoise des préparateurs en pharmacie a obtenu un délai d’extension des droits de la profession jusqu’en 2028, ainsi que la mise en place d’un dispositif d’aide à l’employabilité.
Cependant, ce délai ne fait pas l’unanimité. Stéphane Florey, député genevois (UDC) et dépositaire d’une
motion, interpelle: «Il faut repousser l’application de la restriction à 2035, pour permettre à la majorité des préparateurs d’atteindre la retraite.» Et d’ajouter: «Depuis soixante-cinq ans, les préparateurs remplacent avec entière satisfaction les pharmaciens. Personne n’avait rien à redire lorsqu’ils le faisaient durant le Covid.»
Thomas Bläsi, autre député UDC et pharmacien de formation, souligne qu’il n’y a «jamais eu d’erreur dénoncée imputée à un préparateur. On fait face à un formalisme cantonal excessif qui met en danger des professionnels et leur famille.» La situation est décrite par le groupe politique comme une «casse sociale».
Que se passera-t-il alors vraiment pour ces professionnels proches de la retraite, mais pas encore tout à fait à l’âge légal, ainsi que pour les petites officines, qui devront trouver des solutions alternatives?