Planification hospitalière: Prio.Swiss saisit la justice

Les assureurs font de Schwyz un cas d’école. Prio.Swiss dépose un recours auprès du Tribunal administratif fédéral, appelant à l’annulation de la planification hospitalière du canton.

, 12 juillet 2025 à 12:47
image
Planification hospitalière à deux vitesses: Saskia Schenker, directrice de Prio.Swiss; Damian Meier, conseiller d'Etat de Schwyz | Images: DR
Prio.Swiss a déposé un recours auprès du Tribunal administratif fédéral contre la planification hospitalière du canton de Schwyz. La nouvelle association d’assureurs exhorte le canton à mieux coordonner et concentrer l’offre de prestations hospitalières, y compris au-delà des frontières cantonales. Son objectif: éviter une surabondance de soins coûteux dans le domaine des soins somatiques aigus.
«Les assureurs considèrent ce recours contre la planification hospitalière de Schwyz comme une mesure de dernier recours, exigée par la LAMal dans ce type de situation, afin de surmonter le blocage politique régional constaté – dans l’intérêt du canton, de la région et surtout des patients», explique Prio.Swiss.
L’association estime que la planification présentée par le canton présente des lacunes majeures, «contraires aux principes nationaux en matière de planification et à la jurisprudence». Elle demande donc au Tribunal administratif fédéral d’annuler la décision du Conseil d’État schwyzois relative à la liste hospitalière 2025 pour les soins somatiques aigus.
«Les hôpitaux de Schwyz n’atteignent souvent pas les volumes nécessaires. Le canton tente de contourner ce problème en additionnant les chiffres des trois hôpitaux.»
Le canton de Schwyz, qui compte environ 165'000 habitants, dispose de trois hôpitaux de soins aigus: à Lachen, Einsiedeln et Schwyz. Un sondage représentatif a récemment révélé que 59% des habitants souhaitent conserver ces trois hôpitaux régionaux. Les femmes et les jeunes se montrent particulièrement opposés à toute réduction de l’offre hospitalière.
À l’inverse, Saskia Schenker, directrice de Prio.Swiss, estime que le canton devrait miser davantage sur la coordination intercantonale. «Depuis n’importe quel endroit du canton, on accède rapidement à une ville dotée d’un hôpital plus grand et mieux équipé pour les soins spécialisés», a-t-elle déclaré dans une interview accordée à la «Neue Zürcher Zeitung». «Et c’est aussi dans l’intérêt des patientes et des patients: si seuls quelques hôpitaux réalisent les interventions complexes, avec des professionnels hautement spécialisés et expérimentés, la qualité des soins s’en trouve améliorée. Or, les hôpitaux de Schwyz n’atteignent souvent pas les volumes nécessaires. Le canton tente de contourner ce problème en additionnant les chiffres des trois hôpitaux. Ce procédé n'est pas acceptable.»

Tradition politique

Schwyz constitue ainsi un exemple emblématique. Selon Prio.Swiss, la planification hospitalière n’a pas été coordonnée au niveau intercantonal, «contrairement aux exigences légales». L’association précise: «Lors de la consultation, le gouvernement cantonal s’est contenté de transmettre le projet aux cantons voisins et de les inviter à prendre position. Les véritables missions de coordination prévues par la loi – comme un échange approfondi sur les flux de patients – n’ont pas été suffisamment menées.»
Autre point de critique: la nouvelle planification mise davantage sur le développement de prestations spécialisées que sur leur réduction. À titre d’exemple, le mandat de prestations en urologie attribué sous réserve à l’hôpital Ameos d’Einsiedeln, alors même que l’établissement ne remplit pas les critères de base. Des structures capables de fournir ces soins existent pourtant ailleurs, y compris hors canton.
«Il est conforme à la tradition politique du canton de Schwyz que ce ne soit pas l’État qui décide du nombre d’hôpitaux», déclarait récemment Damian Meier, directeur cantonal de la santé, à propos de l’enquête sur les hôpitaux. «Les prestataires conçoivent eux-mêmes leur offre et déposent leur candidature pour obtenir les mandats de prestations du canton.» Et d’ajouter que la rentabilité relève également de leur responsabilité: «Contrairement à d’autres cantons, Schwyz ne possède pas d’hôpitaux cantonaux», précisait Meier dans les colonnes du «Boten der Urschweiz».
Partager l'article

Loading

Commentaire

Plus d'informations sur ce sujet

image

L'UNIGE signe une avancée majeure dans la lutte contre le diabète de type 1

Vivre avec un diabète de type 1 sans dépendre de l’insuline? C’est l’horizon qu’esquisse un consortium européen dirigé par l’Université de Genève, qui présente un pancréas bioartificiel aux résultats prometteurs.

image

«Kidz»: Bâle lance un modèle d'hospitalisation à domicile en pédiatrie

Alors que la prise en charge d'enfants malades à domicile est déjà établie dans certains pays, Bâle ose désormais franchir le pas avec «Kidz», un nouveau projet pilote.

image

Helsana alerte sur la hausse des examens par TDM en Suisse

L’année dernière, plus de 600'000 personnes, soit près de 7% de la population, ont subi au moins un scanner du tronc. L’assureur s’inquiète de cette augmentation.

image

Septième cas mondial de rémission du VIH après une greffe de cellules souches

Un sexagénaire est considéré guéri du VIH. Selon des scientifiques berlinois, son cas est d’autant plus remarquable que les cellules souches transplantées n’étaient pas résistantes au virus.

image

Épilepsie et mort subite: «Une révolution culturelle s'impose»

Philippe Ryvlin, neurologue au CHUV, a identifié deux nouveaux facteurs de risque majeurs du décès soudain d’une personne atteinte d'épilepsie sans cause apparente. Interview.

image

RHNe: vers un seul site de soins aigus stationnaires?

En 2017, les Neuchâtelois avaient choisi de maintenir deux sites de soins aigus. Aujourd’hui, le Réseau hospitalier envisage de concentrer l’activité stationnaire aiguë sur un seul site, relançant ainsi le débat sur l’avenir de l’hôpital.

Du même auteur

image

Là où les équipes soignantes sont fortes, les médecins s’épuisent moins

Selon une vaste étude internationale, les médecins sont moins épuisés et plus enclins à rester en poste lorsque les équipes infirmières sont suffisamment dotées et que le climat de travail soutient la pratique clinique.

image

Urgences: pourquoi l'idée d'une taxe ne convainc pas – et ce qu'en disent les spécialistes

Alors que doivent débuter les débats au Conseil national, les médecins urgentistes mettent à nouveau en garde contre l'idée d'une «taxe pour les cas bénins». Ils proposent quatre alternatives concrètes.

image

Swiss Medical Network: Nello Castelli rejoint Pharmasuisse

L'actuel secrétaire général de Swiss Medical Network devient directeur des affaires publiques au sein de la Société suisse des pharmaciens.