Médecine d’urgence: l’hypnose facilite l’utilisation des masques respiratoires

La détresse respiratoire aiguë provoque souvent des crises de panique sous le masque. L’hypnose peut atténuer cette peur – et rendre la ventilation plus efficace.

, 10 octobre 2025 à 08:00
dernière mise à jour le 1 décembre 2025 à 10:18
image
Des mots doux plutôt qu’une sédation: l’hypnose rend la ventilation d’urgence plus supportable | Image symbolique: Unsplash.
De nombreuses personnes se rendant aux urgences pour détresse respiratoire reçoivent une ventilation non invasive (VNI). Cependant, beaucoup trouvent le masque trop serré et ressentent de l’anxiété, voire de la panique. Souvent, les patients doivent être calmés, voire sédatés, à l’aide de médicaments anxiolytiques.
Une équipe de recherche de l’Hôpital militaire Mohammed V de Rabat (Maroc) s’est penchée sur la capacité de l’hypnose médicale à améliorer la tolérance des patients à la ventilation. Tobi Hamza, directeur de l’étude, en a présenté les résultats lors du congrès européen de médecine d’urgence (EUSEM) à Vienne.

Un complément peu coûteux

Vingt patients atteints d’insuffisance respiratoire aiguë ont été répartis en deux groupes. Le groupe témoin a reçu le traitement standard, à savoir une ventilation non invasive (VNI), associée, si nécessaire, à des médicaments anxiolytiques.
Le deuxième groupe a, quant à lui, bénéficié d’une séance d’hypnose en complément. Celle-ci a commencé par une mise en condition apaisante à l’aide d’instructions verbales, d’un travail sur la respiration et d’imagerie mentale. Elle a été suivie d’une phase d’approfondissement visant à réduire l’anxiété et à atténuer la perception des symptômes physiques. Une phase suggestive a ensuite été mise en place afin de favoriser un sentiment de sécurité, la confiance dans le traitement et l’acceptation du masque. Toutes les séances ont été menées par un médecin formé à l’hypnose médicale.

Les résultats:

  • 80% des participants du groupe sous hypnose ont réussi à poursuivre la ventilation sans sédation, contre seulement 50% dans le groupe témoin.
  • L'indice de confort était nettement plus élevé chez ceux ayant bénéficié d'une hypnose, avec 7,5 sur 10 (groupe témoin: 4,3).
  • La quantité de sédatifs nécessaire était moindre dans le groupe d'intervention.
  • Après quatre heures, les analyses sanguines ont montré une baisse plus importante du taux de dioxyde de carbone et une normalisation plus rapide du pH.
«Nous avons été agréablement surpris par l’ampleur de la différence», explique Hamza. Selon lui, cette méthode pourrait s’avérer être un complément précieux en médecine d’urgence: «Pour les médecins, il s’agit d’un complément peu coûteux, non invasif et sans médicaments à la thérapie respiratoire.»
Felix Lorang, médecin urgentiste allemand et membre du comité EUSEM, y voit également un potentiel: «Les instructions verbales sont cruciales dans le cadre de la VNI. L’hypnose va encore plus loin: elle intensifie l’interaction.» Les patients mis sous hypnose tolèrent plus facilement la ventilation non invasive et se sentent globalement mieux. Cela conduit finalement à une amélioration de l’efficacité clinique de la ventilation.
Cette étude est l’une des premières études prospectives sur l’hypnose dans la ventilation d’urgence aiguë. En raison du petit nombre de participants, elle est considérée comme une pilote, mais une étude multicentrique à plus grande échelle est déjà en cours de planification. Celle-ci visera également à déterminer si l’hypnose peut réduire le taux d’intubations ou la durée du séjour à l’hôpital.

Publication originale

Tobi Hamza, Abstract no: OA019: «Hypnosis to improve tolerance and efficacy of non-invasive ventilation in acute respiratory failure: a prospective controlled study», Best Abstracts session, 29 septembre, 14:45-16:15-hrs CEST.

  • soins aigus
  • hypnose
  • Etudes
Partager l'article

Loading

Commentaire

Plus d'informations sur ce sujet

image

L'UNIGE signe une avancée majeure dans la lutte contre le diabète de type 1

Vivre avec un diabète de type 1 sans dépendre de l’insuline? C’est l’horizon qu’esquisse un consortium européen dirigé par l’Université de Genève, qui présente un pancréas bioartificiel aux résultats prometteurs.

image

«Kidz»: Bâle lance un modèle d'hospitalisation à domicile en pédiatrie

Alors que la prise en charge d'enfants malades à domicile est déjà établie dans certains pays, Bâle ose désormais franchir le pas avec «Kidz», un nouveau projet pilote.

image

Helsana alerte sur la hausse des examens par TDM en Suisse

L’année dernière, plus de 600'000 personnes, soit près de 7% de la population, ont subi au moins un scanner du tronc. L’assureur s’inquiète de cette augmentation.

image

Septième cas mondial de rémission du VIH après une greffe de cellules souches

Un sexagénaire est considéré guéri du VIH. Selon des scientifiques berlinois, son cas est d’autant plus remarquable que les cellules souches transplantées n’étaient pas résistantes au virus.

image

Épilepsie et mort subite: «Une révolution culturelle s'impose»

Philippe Ryvlin, neurologue au CHUV, a identifié deux nouveaux facteurs de risque majeurs du décès soudain d’une personne atteinte d'épilepsie sans cause apparente. Interview.

image

RHNe: vers un seul site de soins aigus stationnaires?

En 2017, les Neuchâtelois avaient choisi de maintenir deux sites de soins aigus. Aujourd’hui, le Réseau hospitalier envisage de concentrer l’activité stationnaire aiguë sur un seul site, relançant ainsi le débat sur l’avenir de l’hôpital.

Du même auteur

image

Embouteillage pour l'obtention d'un titre: l'ISFM réduit les frais de moitié avec effet rétroactif

Suite aux interventions de plusieurs associations, l’ISFM réagit en réduisant temporairement de moitié les frais d’obtention d’un titre, avec effet rétroactif. Cette concession ne marque toutefois pas la fin du problème, bien au contraire.

image

Recours contre l’ISFM: la relève médicale perd patience

Confrontée à des délais dépassant toujours 12 mois, l’Association Relève Médicale Suisse a saisi le Tribunal administratif fédéral pour «retard injustifié» dans l’octroi des titres de spécialiste.

image

Tardoc: «Défectueux, mais perfectible»

Yvonne Gilli, présidente de la FMH, revient sur le passage de Tarmed à Tardoc. Sa conclusion: le nouveau tarif n'est pas parfait – mais il marque une étape nécessaire à laquelle le corps médical doit participer activement.