Laboratoires d'analyse médicale: prix figés, concurrence absente

Alors que les tarifs médicaux sont négociés entre assureurs et prestataires, les prix des analyses de laboratoire restent fixés par l’État. Une exception coûteuse, qui interroge: pourquoi – et jusqu’à quand?

Contribution invitée d'Andri Silberschmidt, 22 mars 2025 à 03:12
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50 francs en Suisse, 10 francs aux Pays-Bas - un dosage de la vitamine D coûte jusqu'à cinq fois plus cher en Suisse qu'aux Pays-Bas. Les examens de laboratoire représentent une charge annuelle de plus de deux milliards de francs pour l’assurance de base. Et pourtant, en tant que payeurs de primes, nous n’avons aucune prise directe sur ces coûts.
À l’origine de cette situation se cache un problème structurel: alors que les honoraires médicaux sont négociés entre les acteurs du système de santé, les tarifs de laboratoire sont fixés de manière centralisée par le Département fédéral de l’intérieur (DFI). Ces «prix administrés» se traduisent par des marges fixes, étouffant toute forme de concurrence.
Certes, la Confédération a procédé à des baisses ponctuelles de tarifs ces dernières années. Mais malgré cela, les dépenses globales continuent de croître.
Andri Silberschmidt est entrepreneur, membre du Conseil national et vice-président du PLR.
Le passage à un système de prix négociés permettrait aux caisses maladie et aux prestataires de soins de convenir ensemble de tarifs équitables. Un tel modèle offrirait une base plus dynamique et transparente pour la fixation des prix, tout en freinant durablement la hausse des coûts.
D’ailleurs, ce système existe déjà dans d’autres domaines du système de santé: les médecins et les hôpitaux négocient leurs tarifs avec les assureurs. Pourquoi cela ne serait-il pas possible pour les analyses de laboratoire?

Assouplissement de l'obligation de contracter

Au-delà de la question des tarifs, l’assouplissement de l’obligation de contracter constitue un levier essentiel pour réduire les coûts. Dans les régions où l’offre de laboratoires est pléthorique, les assurances devraient pouvoir conclure des contrats ciblés avec certains prestataires. Cela permettrait de renforcer l'efficacité et de réduire davantage les dépenses.
Lors de la session de printemps, le Conseil national a approuvé ces deux mesures. L’objet est désormais entre les mains du Conseil des États, qui devra en débattre. Espérons que cette fois, contrairement à l’automne dernier, la Chambre haute saisira l’enjeu: une concurrence accrue dans le domaine des analyses médicales est un pas vers la maîtrise des coûts de la santé – et un soulagement pour les payeurs de primes.
Car une chose est certaine: la spirale des tarifs de laboratoire doit être enrayée. Plus de marché, plus de concurrence – c’est ainsi que nous garantirons des soins de qualité à un prix abordable.
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