«La mise en œuvre de l’initiative sur les soins devrait entraîner une hausse des primes»: c’est le titre choisi par les journaux du groupe CH-Media pour présenter une estimation de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Selon ce calcul, l’amélioration des conditions de travail dans le secteur des soins représenterait un coût annuel de plus de deux milliards de francs, si le projet est appliqué tel que prévu par le Conseil fédéral.
Ainsi, près d’un milliard de francs supplémentaires incomberaient aux hôpitaux, tandis qu’un peu plus d’un milliard serait supporté par les établissements médico-sociaux et les services de soins à domicile. Tels sont les chiffres qui ont été présentés lors de la dernière «table ronde» sur les coûts de la santé.
Chiffres et contre-chiffres
L'«Aargauer Zeitung» et les autres titres du groupe se livrent à leurs propres calculs: si ces coûts supplémentaires étaient financés selon le modèle actuel, la mise en œuvre prévue pour 2028 entraînerait une hausse d’environ 4% des dépenses de santé. Rapporté aux primes, cela représenterait plus de 1'000 francs par an pour une famille avec deux enfants.
Ces chiffres restent toutefois des estimations. Plusieurs facteurs pourraient en modifier la portée: une partie des coûts supplémentaires pourrait ne pas être répercutée sur les primes d’assurance maladie, le Parlement pourrait revoir certaines mesures à la baisse, et les nouveaux dispositifs pourraient même générer des économies — par exemple en réduisant le taux de rotation du personnel.
Un discours jugé alarmiste
Selon l'article de l'AZ, l'administration se voit désormais confier un nouveau mandat: elle doit présenter à la commission compétente du Conseil national différentes options de financement.
De son côté, l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) souligne l’incertitude générale de la situation. Dans un communiqué publié dimanche, l’organisation professionnelle craint que ces estimations financières ne soient employées comme un argument alarmiste avant le débat imminent de la commission.
«Le scénario le plus coûteux serait que les responsables politiques ne prennent aucune mesure efficace pour augmenter la durée d'exercice de la profession» souligne Yvonne Ribi, directrice de la branche alémanique de l'ASI: «Les investissements dans l'offensive de formation seraient alors perdus et de nombreux soignants continueraient à tourner le dos à la profession.»
Des déclarations «spéculatives»
La pression financière à laquelle sont soumis les établissements de santé se ferait également lourdement sentir sur le personnel. «De nombreux employeurs ne sont plus en mesure de financer des conditions de travail raisonnables, voire d'accorder des compensations pour le renchérissement.»
Dans ce contexte,«les rapports actuels sur les conséquences financières, notamment dans l'AZ, sont considérés par l'ASI comme «polémiques». Les calculs de coûts ne seraient que des estimations provisoires de l'administration, estime Yvonne Ribi: «Le Parlement n'a encore pris aucune décision et les déclarations sur les coûts supplémentaires sont donc purement spéculatives à l'heure actuelle» Pour cette raison, l'ASI se garde également de se prononcer sur la question.