Le canton de Genève, par l'intermédiaire du Département de la santé et des mobilités (DSM), lance deux projets de prévention en partenariat avec les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Leur objectif: répondre aux enjeux posés par le vieillissement de la population et la progression des maladies chroniques.
Genève mise sur le numérique
Intitulé SOFIA (Santé Optimale Facilitée par l’Intelligence Artificielle), l’un des projets consiste en une application numérique développée par les HUG, en collaboration avec la HEG-Genève (HES-SO) et la Fondation net-care.ch. Destinée aux personnes atteintes de maladies chroniques, elle propose un chatbot médical pour les informer et les accompagner au quotidien.
L’outil est conçu pour faciliter la gestion des traitements, encourager de meilleures habitudes de vie (activité physique, alimentation, sommeil) et, in fine, réduire les hospitalisations évitables ainsi que les coûts de santé. La première phase, financée par le canton à hauteur de 1,34 million de francs pour 2025–2026, concernera 1'600 patients.
Bien que le principe semble prometteur, l’adhésion des patients à ce type de technologie reste à évaluer, notamment parmi les personnes âgées ou peu familiarisées avec les outils numériques.
Prévenir la démence
Le second projet, porté par le Centre de la mémoire des HUG sous la direction du professeur Giovanni Frisoni et présenté comme «unique en Suisse», propose des mesures de prévention de la démence. Il s’adresse à des personnes âgées de plus de 50 ans, identifiées comme présentant un risque élevé de développer la maladie d’Alzheimer.
Inspiré du protocole FINGER, déjà testé en Europe, le programme offre un accompagnement individualisé et gratuit, axé sur l’activité physique, la nutrition et la stimulation cognitive. Il repose notamment sur l’utilisation de biomarqueurs de vulnérabilité. Jusqu’à 1'000 Genevois pourraient en bénéficier d’ici 2028, pour un coût total de 2,1 millions de francs, entièrement financé par le canton.
Un pari sur la prévention
Avec ces deux projets, le canton de Genève affiche une volonté affirmée de renforcer la prévention en santé publique. Si l’intention est saluée, leur impact réel devra être évalué de manière rigoureuse. La pérennité des résultats, l’engagement des participants et le retour sur investissement pour le système de santé restent des questions ouvertes. Comme souvent en matière de santé numérique et préventive, les ambitions sont élevées – mais c’est sur le terrain que se mesurera leur efficacité.