Étude: l'immunothérapie augmente les chances de survie en cas de cancer du poumon

Administrée avant l’opération, l’immunothérapie permet à davantage de patients atteints d’un cancer du poumon de franchir le cap des cinq ans. C'est ce que révèle une étude suisse, publiée dans «Nature communications».

, 2 octobre 2025 à 09:41
image
Interaction entre une cellule immunitaire et une cellule tumorale | Image de laboratoire: Alfred Zippelius; Hôpital universitaire de Bâle
Le cancer du poumon est l’un des cancers présentant le taux de mortalité le plus élevé au monde. En Suisse, il touche environ 4'500 personnes par an. Jusqu’à présent, le pronostic était particulièrement défavorable pour les personnes atteintes d’un cancer du poumon localement avancé mais opérable (stade IIIA NSCLC): après cinq ans, seul un tiers environ d’entre elles était encore en vie.

À propos de l'étude

L'étude de phase II SAKK 16/14 a été coordonnée par le Swiss Cancer Institute et soutenue par de nombreux hôpitaux suisses. La période médiane sans événement était de 4 ans. Après un suivi médian de 5,4 ans, la survie globale médiane n'était pas encore atteinte.
L'étude, qui vient d'être publiée dans «Nature Communications», pourrait donner un nouvel espoir aux patients: les chercheurs ont découvert qu'une combinaison de chimiothérapie et d'immunothérapie avec l'inhibiteur PD-L1 Durvalumab, administrée avant l'opération, augmente le taux de survie à cinq ans (Overall Survival) à environ deux tiers.

Le rôle clé des défenses immunitaires

Les scientifiques ont alors cherché à comprendre pourquoi ce traitement s'avérait si efficace chez certains patients. Ils ont notamment constaté que la force et la diversité des défenses immunitaires jouaient un rôle déterminant:
  • Cellules tueuses dans la tumeur: de nombreux lymphocytes T CD8+ envahissants améliorent la réponse.
  • Structures lymphoïdes tertiaires: de grandes accumulations de cellules immunitaires dans la tumeur sont un bon signal pour la survie à long terme.
  • Diversité des lymphocytes T: plus les récepteurs sont diversifiés, plus le système immunitaire peut réagir de manière flexible au cancer.
  • Marqueurs sanguins: l'activation des cellules immunitaires ainsi que certaines substances de signalisation dans le sang donnent des indications sur les bénéfices à long terme.
L'étude identifie ainsi de nouveaux biomarqueurs qui pourraient faciliter la mise en place d'un traitement personnalisé à l'avenir.
«Nos résultats montrent que les défenses immunitaires dans la tumeur et dans le sang sont déterminantes pour le succès du traitement», explique Alfred Zippelius, oncologue à l'Hôpital universitaire de Bâle, dans un communiqué. «À l'avenir, cela nous permettra de mieux identifier les patients qui bénéficieraient le plus d’une immunothérapie.»
Le principal investigateur, Sacha Rothschild, de l'Hôpital cantonal de Baden, conclut: «Notre étude a été la première à s'intéresser à l'immunothérapie avant une opération, et avec une durée de plus de cinq ans, elle présente la période de suivi la plus longue. Aujourd'hui, nous pouvons le constater: ce traitement est non seulement efficace, mais aussi sûr.»

Publication originale


Partager l'article

Loading

Commentaire

Plus d'informations sur ce sujet

image

La vaccination COVID, un allié inattendu contre le cancer?

Administré peu avant ou après le début d’une immunothérapie, un vaccin à ARNm pourrait prolonger la survie de patients atteints d’un cancer avancé du poumon ou de la peau. Présentée à l’ESMO 2025, cette approche suscite l’espoir d’un nouvel outil pour renforcer l’efficacité des traitements.

image

CHUV: Solange Peters prend la tête du Département d'oncologie

Spécialiste reconnue des tumeurs thoraciques et lauréate de la plus haute distinction internationale en oncologie pulmonaire, la professeure lausannoise prend les rênes de l’oncologie au CHUV.

image

Le Ludwig Institute prolonge sa présence à Lausanne

Dix ans après la création du partenariat avec le CHUV et l’UNIL, le Ludwig Institute s’intègre à l’Université de Lausanne pour renforcer la recherche commune en immunothérapie et sur le micro-environnement tumoral.

image

Une initiative nationale pour l’oncologie de précision par l’IA

L’EPFL et l’ETH Zurich lancent NAIPO, une initiative nationale visant à intégrer l’intelligence artificielle dans la prise en charge du cancer en Suisse.

image

HUG: une nouvelle responsable des soins en oncologie

Marie-Laure Carballo-Ehrler a été nommée responsable des soins du Département d’oncologie des Hôpitaux universitaires de Genève. Elle prendra ses nouvelles fonctions en novembre.

image
L’avis d’un expert 

Impression 3D dans le corps: bientôt une réalité en chirurgie?

À l’Hôpital universitaire de Bâle, les implants imprimés en 3D font déjà partie du quotidien. Florian M. Thieringer explique comment l’IA et la bio-impression transforment la chirurgie – jusqu’à l’impression de tissus directement dans le corps.

Du même auteur

image

Les programmes de dépistage permettent de détecter les cancers du sein les plus précoces

L'Organe national d'enregistrement du cancer a évalué plus de 20'000 cas de cancer du sein et livre ses conclusions sur l’efficacité du dépistage et des «tumor boards».

image

EPFL: Naviguer dans les vaisseaux sanguins les plus fins

Des chercheurs lausannois ont mis au point un microcathéter magnétique capable d’atteindre les artères les plus ramifiées du cerveau. Testé avec succès sur des modèles animaux, il pourrait bientôt servir à traiter des AVC hémorragiques, des malformations artérioveineuses ou des tumeurs oculaires.

image

UNIGE: l’IA au service du dépistage du cancer colorectal

Des chercheurs genevois ont mis au point une méthode capable de détecter le cancer colorectal grâce à l’analyse du microbiote intestinal et à l’intelligence artificielle – avec une précision comparable à celle d’une coloscopie.