Le cancer du poumon est l’un des cancers présentant le taux de mortalité le plus élevé au monde. En Suisse, il touche environ 4'500 personnes par an. Jusqu’à présent, le pronostic était particulièrement défavorable pour les personnes atteintes d’un cancer du poumon localement avancé mais opérable (stade IIIA NSCLC): après cinq ans, seul un tiers environ d’entre elles était encore en vie.
À propos de l'étude
L'étude de phase II SAKK 16/14 a été coordonnée par le
Swiss Cancer Institute et soutenue par de nombreux hôpitaux suisses. La période médiane sans événement était de 4 ans. Après un suivi médian de 5,4 ans, la survie globale médiane n'était pas encore atteinte.
L'étude,
qui vient d'être publiée dans «Nature Communications», pourrait donner un nouvel espoir aux patients: les chercheurs ont découvert qu'une combinaison de chimiothérapie et d'immunothérapie avec l'inhibiteur PD-L1 Durvalumab, administrée avant l'opération, augmente le taux de survie à cinq ans (Overall Survival) à environ deux tiers.
Le rôle clé des défenses immunitaires
Les scientifiques ont alors cherché à comprendre pourquoi ce traitement s'avérait si efficace chez certains patients. Ils ont notamment constaté que la force et la diversité des défenses immunitaires jouaient un rôle déterminant:
- Cellules tueuses dans la tumeur: de nombreux lymphocytes T CD8+ envahissants améliorent la réponse.
- Structures lymphoïdes tertiaires: de grandes accumulations de cellules immunitaires dans la tumeur sont un bon signal pour la survie à long terme.
- Diversité des lymphocytes T: plus les récepteurs sont diversifiés, plus le système immunitaire peut réagir de manière flexible au cancer.
- Marqueurs sanguins: l'activation des cellules immunitaires ainsi que certaines substances de signalisation dans le sang donnent des indications sur les bénéfices à long terme.
L'étude identifie ainsi de nouveaux biomarqueurs qui pourraient faciliter la mise en place d'un traitement personnalisé à l'avenir.
«Nos résultats montrent que les défenses immunitaires dans la tumeur et dans le sang sont déterminantes pour le succès du traitement», explique Alfred Zippelius, oncologue à l'Hôpital universitaire de Bâle,
dans un communiqué. «À l'avenir, cela nous permettra de mieux identifier les patients qui bénéficieraient le plus d’une immunothérapie.»
Le principal investigateur, Sacha Rothschild, de l'Hôpital cantonal de Baden, conclut: «Notre étude a été la première à s'intéresser à l'immunothérapie avant une opération, et avec une durée de plus de cinq ans, elle présente la période de suivi la plus longue. Aujourd'hui, nous pouvons le constater: ce traitement est non seulement efficace, mais aussi sûr.»