Les résumés vidéo peuvent présenter des études de manière particulièrement parlante, tout en induisant en erreur. Le visionnage d’une vidéo courte et aisément compréhensible pousse souvent le spectateur à se croire suffisamment compétent pour évaluer les affirmations scientifiques. Indépendamment des connaissances préalables, le phénomène bien connu sous le nom d’«easiness effect» se manifeste.
Une étude du département de psychologie de l’Université de Cologne s’est penchée sur ce phénomène.
Les néophytes de niveau universitaire sont particulièrement vulnérables
L’équipe du professeur Kai Kaspar a transformé quatre résumés d’études scientifiques en courtes vidéos – chacune en deux versions: l’une avec un langage spécialisé et une présentation complexe, l’autre avec un langage simplifié.
Quelque 369 personnes ont initialement participé à l’étude. Le nombre de participants retenus est finalement descendu à 179, en raison de questionnaires incomplets (n = 105), de vidéos non visionnées (n = 12) ou de critères non remplis (n = 65). Le groupe cible était constitué de non-spécialistes de niveau universitaire, un profil connu pour sa sensibilité à l’effet de facilité.
L’échantillon final comprenait 135 femmes, 43 hommes et une personne non binaire, âgés de 18 à 45 ans (moyenne: 25,1 ans). La majorité étudiait l’économie d’entreprise, l’architecture ou les sciences sociales. Les personnes ayant étudié la psychologie ou ayant mis exceptionnellement longtemps à répondre ont été exclues de l’analyse.
Après avoir visionné les résumés vidéo, les participants ont évalué les éléments suivants:
- la compréhensibilité de l’étude;
- la crédibilité perçue des contenus;
- leur confiance en leur propre capacité à évaluer l’étude;
- leur perception de leur aptitude à prendre une décision sur la base de l’étude, sans information complémentaire;
- leur intérêt pour des informations plus approfondies;
- leur propension à partager, aimer ou commenter les contenus sur les réseaux sociaux.
Résultat: les vidéos simplifiées ont été jugées non seulement plus compréhensibles et plus crédibles, mais elles ont également conduit à une confiance nettement plus élevée dans les capacités de jugement personnelles.
«Les résultats soulignent la nécessité de stratégies responsables en communication scientifique.» —Kai Kaspar, directeur de l’étude, Université de Cologne
L’étude a également testé si cet effet pouvait être réduit par une vidéo de débriefing diffusée en amont. Verdict: l’information préalable n’a pas suffi à contrer la surestimation de soi. Contrairement à l’hypothèse des chercheurs, le biais persiste même lorsque ses mécanismes et conséquences sont explicités à l’avance.
Pertinence pour la communication médicale
Ce phénomène revêt une importance particulière pour les professionnels de santé: qu’il s’agisse de vidéos destinées aux patients, de portails de santé ou de contenus pour les réseaux sociaux, la simplification peut certes être utile – mais elle comporte aussi le risque d’étouffer l’esprit critique.
«Cette expérience montre que l’“easiness effect” peut être déclenché de manière prévisible par des résumés vidéo, et qu’il persiste même chez des personnes informées de ses effets potentiellement négatifs sur l’évaluation de leurs propres compétences», explique le responsable de l'étude, le professeur Kai Kaspar, dans un
communiqué de presse de l'Université de Cologne.