Les bénéfices de la présence d'équipes «mixtes» ne sont plus à démontrer, et ce dans de nombreux secteurs professionnels. Qu'en est-il toutefois du domaine chirurgical, notamment en salle d'opération? Une équipe de l'Université de Toronto s'est penchée sur la question.
L'équipe de recherche a mené une analyse rétrospective des données de 710 000 interventions chirurgicales réalisées entre 2009 et 2019 dans 88 hôpitaux de la province de l'Ontario. Parmi les aspects étudiés figurent la composition des équipes de chirurgiens et d’anesthésistes en salle d’opération ainsi que le taux de mortalité des patients dans les 90 jours suivant l’intervention.
Les résultats ajustés de l’étude sont sans équivoque: une proportion de femmes supérieure à 35% au sein de l’équipe chirurgicale est associée à une réduction du taux de mortalité de 3%. Cette diminution est d'autant plus significative lorsqu'une femme occupe un poste de responsable (leader), que ce soit en tant qu’anesthésiste ou chirurgienne.
- Julie Hallet, Rinku Sutradhar, Alana Flexman, Daniel I McIsaac, François M Carrier, Alexis F Turgeon, Colin McCartney, Wing C Chan, Natalie Coburn, Antoine Eskander et al.: «Association between anaesthesia-surgery team sex diversity and major morbidity», dans: «British Journal of Surgery», mai 2024.
- doi.org/10.1093/bjs/znae097
Si un constat similaire a déjà été établi – plusieurs études ont montré que les femmes en salle d’opération obtiennent souvent de meilleurs résultats en termes de qualité (comme
cette étude, ou
celle-ci) –, ces écarts de performance entre femmes et hommes était jusqu'ici fréquemment attribués à leur spécialisation dans des domaines plus ou moins complexes.
L'étude canadienne parvient à se distinguer par son observation: une proportion importante de femmes dans l’équipe induit un véritable bond en avant qualitatif. Une fois le seuil des 35% atteint, les échanges deviendraient plus fluides et plus clairs. Une meilleure communication, quant à elle, jouerait ainsi un rôle clé dans l’amélioration globale des résultats.
«Une proportion importante de femmes anesthésistes et chirurgiennes au sein des équipes est essentielle pour maximiser les performances»,
suggère Julie Hallet, chirurgienne et auteure principale de l’étude. «En deçà de ce seuil, les professionnelles sont plus susceptibles de taire leurs opinions, ne permettant ainsi pas d'exploiter pleinement le potentiel qu'offre la diversité.»