Dépistage du cancer: adhésion de principe, pratique limitée

Le dépistage du cancer fait souvent l’unanimité… en théorie. En pratique, il reste peu suivi. En cause: un flou persistant autour des coûts et de leur prise en charge, comme le montre le dernier Moniteur de la prise en charge du cancer de MSD.

, 3 avril 2025 à 00:00
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Image symbolique (IA): Medinside
Mammographie, frottis, test PSA, coloscopie, contrôle de la peau : lorsqu'on les interroge, de nombreuses personnes se déclarent favorables à ces mesures de prévention. Pourtant, en pratique, seule une fraction de la population y a réellement recours.
C’est l’un des principaux enseignements du nouveau Moniteur de la prise en charge du cancer publié par MSD Suisse. Réalisée par l’institut de recherche gfs.bern, cette enquête représentative évalue la qualité des soins liés au cancer. Pour ce faire, 1'250 personnes ont été interrogées à travers toute la Suisse.
«La mammographie est davantage perçue comme un examen important en Suisse romande qu’en Suisse alémanique. En revanche, la vaccination contre le HPV est considérée comme tout aussi importante dans toutes les régions linguistiques.»
En ce qui concerne les mesures de prévention spécifiques aux femmes, 93 % des répondantes jugent le frottis cervico-utérin «très important» ou «plutôt important». La mammographie est considérée de la même manière par 89% d’entre elles.
Du côté des hommes, l’adhésion est un peu moins marquée: 83% estiment que l’autocontrôle du cancer des testicules est important, tandis que 70% partagent cet avis concernant le test PSA (antigène spécifique de la prostate).
Les examens de dépistage pour le cancer colorectal, le cancer du poumon et la vaccination contre le HPV recueillent entre 68% et 83% d’opinions favorables.
Mais la réalité diffère sensiblement : seul le frottis cervico-utérin est pratiqué à un niveau relativement conforme à son importance perçue. Selon l’enquête MSD, 79% des femmes déclarent en avoir déjà bénéficié au moins une fois. La mammographie suit avec 57%, tandis que 40% des répondants indiquent avoir déjà effectué un contrôle dermatologique pour le dépistage du cancer de la peau, et 39%, un dépistage du cancer colorectal. Enfin, 38% des hommes interrogées ont passé un test PSA.
La vaccination contre le HPV (15%) et le dépistage du cancer du poumon (9%) demeurent très peu répandus.
Comment expliquer cette disparité entre intentions et actes? Au-delà des explications habituelles, le Moniteur met en lumière un facteur clé: l’incertitude autour de la prise en charge financière. Une majorité des personnes interrogées ignore que ces examens sont souvent remboursés par l’assurance de base. Beaucoup pensent à tort que le frottis cervico-utérin (54%), la mammographie (47%) et le dépistage colorectal (39%) ne sont couverts que par une assurance complémentaire.
En résumé, la prise en charge de nombreux dépistages par l’assurance de base – souvent sans franchise ou dès un certain âge – est largement méconnue, ce qui constitue un frein majeur à leur utilisation effective.
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