Le dossier électronique du patient (DEP) n’est que partiellement bien accueilli, tant par la population que par les professionnels de santé. Comme l’indique le «Swiss E-Health Barometer» publiée par l’institut de recherche gfs.bern, son utilité est certes reconnue, mais des réserves importantes subsistent.
Selon les résultats de l’enquête, une majorité de la population (55%) considère que le DEP est une bonne chose. À l’opposé, une personne sur dix estime qu’il ne l’est pas. Il est également précisé que, ces dernières années, les groupes de partisans comme d’opposants se sont rétrécis.
Les opinions sur le DEP sont restées globalement stables. Un argument reste prédominant: en cas d’urgence, toutes les informations médicales importantes sont disponibles à tout moment, un point soutenu par 82% des répondants. Toutefois, le scepticisme persiste. En effet, 56% craignent que les données de santé puissent tomber trop facilement entre de mauvaises mains. De plus, 54% des personnes interrogées estiment que les professionnels de santé peuvent déjà échanger efficacement des informations médicales sans recourir au DEP.
Un cinquième seulement recommande le DEP
Alors que le DEP est largement perçu comme un progrès par les milieux politiques – 82% des représentants cantonaux le jugent utile – l’adhésion est nettement plus faible chez les praticiens. Seuls 46% des responsables informatiques hospitaliers et 35% des médecins le considèrent comme utile. D’après les auteurs de l’étude, cette évaluation positive est en déclin constant depuis 2018.
L’usage du DEP reste également limité: seuls 16% des médecins tiennent un dossier électronique pour leurs patients. Sa promotion reste marginale: seuls 21% des médecins de cabinet le recommandent activement. Un tiers (34%) ne le déconseille pas, mais ne le promeut pas non plus. En revanche, 13% le déconseillent ouvertement, et 24% préfèrent ne pas se prononcer.
Les spécialistes y voient des avantages
Malgré ces réticences, les professionnels de la santé reconnaissent plusieurs avantages potentiels au DEP. Ainsi, 79% d’entre eux soulignent la valeur de l’accès aux données en cas d’urgence. Une proportion similaire (75%) y voit un moyen d’éviter des examens redondants, tandis que 68% estiment que le DEP peut aider à prévenir des erreurs de traitement. Par ailleurs, 52% saluent le fait que les patients puissent avoir un accès complet à leurs données médicales – bien que cette même proportion pense que cet échange pourrait se faire autrement.
L’édition 2025 du baromètre suisse de la cybersanté, réalisée par l’institut gfs.bern pour le compte du Swiss eHealth Forum, repose sur une enquête auprès de 1'419 professionnels de santé (médecins, responsables informatiques d’hôpitaux, responsables cantonaux de la cybersanté) et de 1'963 habitants de Suisse.