Aide au diagnostic: l'IA, pas si magique que ça

Pour la première fois, une équipe de l’Inselspital de Berne a évalué l’impact d’un système de diagnostic par intelligence artificielle en médecine intensive. Le bilan est décevant.

, 4 février 2025 à 12:17
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Image symbolique réalisée avec l'IA: Medinside
Un groupe de médecins de l’Inselspital (Hôpital universitaire de Berne) a réalisé la première étude mondiale sur l’impact d’un système de diagnostic basé sur l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine des soins aigus. Dirigée par Wolf Hautz, de la clinique universitaire de médecine d’urgence de Berne, cette étude porte sur 1’200 patients traités en 2022 et 2023 dans quatre services d’urgence suisses pour des troubles non spécifiques. L’équipe médicale a ainsi pris en charge des cas d’évanouissement, de douleurs abdominales ou de fièvre d’origine inconnue.
Dans ce cadre, les médecins ont partiellement eu recours au système d’intelligence artificielle «Isabel Pro», conçu pour les assister dans l’établissement des diagnostics. En revanche, lors des phases de contrôle, les diagnostics ont été réalisés sans assistance technologique.
Pour évaluer la qualité des diagnostics, l’équipe de recherche s’est intéressée à plusieurs indicateurs: le nombre de patients ayant nécessité un suivi médical non planifié dans les 14 jours suivant le traitement, le nombre de diagnostics ultérieurement modifiés, le nombre d’admissions inattendues en soins intensifs et le nombre de décès.
Or, les résultats ne différaient guère entre les deux groupes. Avec ou sans l’aide de l’IA, le diagnostic s’est avéré déficient pour 18% des patients. L’équipe bernoise n’a constaté aucune différence significative sur d’autres critères de qualité, qu’il s’agisse du nombre d’événements indésirables graves ou des ressources mobilisées, évaluées en francs suisses.
«L’aide au diagnostic basée sur l’IA n’a pas d’effet mesurable pour les patients en médecine d’urgence, indépendamment des différences médicales, économiques ou procédurales», commente Wolf Hautz.
Du moins, l’IA telle qu’elle est actuellement disponible ne résoudra pas le problème des erreurs de diagnostic: «Nous devons adopter d’autres solutions pour améliorer la qualité des diagnostics, et notamment intensifier considérablement la recherche sur ce sujet, qui en est encore à ses balbutiements.»
Communiqué de presse de l'Université de Berne (en anglais)


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