L'obstétrique en Suisse se trouve à un tournant: de plus en plus d’hôpitaux ferment leurs services d’accouchement, et de nouveaux modèles de soins sont appelés à émerger. C’est précisément dans ce contexte qu’intervient le projet «Naissance 3000», initié par des spécialistes du domaine.
Son objectif: expérimenter une nouvelle forme de collaboration entre l’obstétrique clinique et l’obstétrique extrahospitalière – en créant des pavillons d’accouchement dirigés par des sages-femmes, situés sur les sites hospitaliers. L’idée est de combler les lacunes actuelles en matière de soins tout en renforçant la liberté de choix des femmes enceintes.
Le projet est accompagné par une équipe de recherche interdisciplinaire de la Haute école spécialisée bernoise. Celle-ci assure non seulement l’évaluation scientifique, mais développe également un nouveau concept de formation continue. Dès 2026, un CAS «Obstétrique dirigée par une sage-femme» devrait voir le jour, combinant théorie et pratique dans le domaine de l’obstétrique extrahospitalière.
Hôpitaux partenaires
Le projet pilote est financé par des fondations privées. Actuellement, des discussions sont en cours avec trois hôpitaux partenaires potentiels. La signature d’une déclaration d’intention avec l’un d’eux est imminente. Le premier pavillon devrait être mis en service début 2027, selon le
site internet de Naissance 3000.
L’essentiel en bref
- En Suisse, seules 4 femmes sur 100 accouchent actuellement dans un cadre extrahospitalier.
- Naissance 3000 souhaite repenser l’obstétrique en favorisant la collaboration entre sages-femmes et structures hospitalières.
- Le cœur du projet repose sur des pavillons d’accouchement, autonomes mais intégrés aux sites hospitaliers partenaires.
Aujourd’hui, seules 4 femmes sur 100 en Suisse accouchent dans un cadre extrahospitalier encadré par une sage-femme. Et ce, malgré des études démontrant que, pour les femmes à faible risque, ces accouchements sont associés à une plus grande satisfaction et à de meilleurs résultats de santé
(Scarf et al., 2018; Sandall et al., 2024). Alors pourquoi environ 95% des femmes choisissent-elles encore l’hôpital?
Une des principales raisons est le manque d’offre : dans de nombreuses régions, les maisons de naissance sont difficiles d’accès. À cela s’ajoute le manque d’informations accessibles et fondées sur des données probantes. Enfin, le besoin de sécurité médicale joue un rôle central: pour beaucoup, l’hôpital demeure le lieu où elles se sentent en sécurité en cas de complications.
Pavillon des naissances
C’est là que les pavillons d’accouchement prévus entrent en jeu. Implantés sur le terrain d’un hôpital partenaire, ils seront toutefois gérés de manière autonome par des équipes de sages-femmes. En parallèle, un lien étroit sera maintenu avec l’hôpital, tant sur le plan logistique que médical. Ainsi, les femmes bénéficieront d’un accouchement personnalisé, tout en restant à proximité immédiate d’une infrastructure médicale si nécessaire.
L’objectif est de favoriser une collaboration égalitaire entre obstétrique intra- et extrahospitalière. Le quotidien ne doit pas être marqué par la concurrence, mais par la coopération – dans une volonté d’apprentissage mutuel et d’intégration des meilleures pratiques de chaque modèle.
La salutogenèse comme principe directeur
Le projet «Naissance 3000» considère la grossesse et l’accouchement comme des processus physiologiques naturels. «Avec Naissance 3000, nous voulons nous éloigner d’une approche centrée sur la maladie pour nous concentrer sur la santé», explique la responsable du projet, Renate Ruckstuhl-Meier.
L’accompagnement des femmes et la conception des pavillons s’inspirent ainsi des principes de la salutogenèse. Des espaces centrés sur l’usagère sont prévus selon les principes de la healing architecture»: ils doivent dégager un sentiment de sécurité, propice au bon déroulement de l’accouchement.