Le
Groupe Vidymed, qui gère notamment un centre d'urgences à Lausanne, prend des mesures radicales face aux pratiques de l'assureur
Helsana: dès le 3 mars 2025, son centre d'urgences de Vidy n'accueillera plus les assurés d'Helsana le soir après 19h, le week-end et les jours fériés,
soit en dehors des heures standard de consultation.
Le bras de fer se poursuit donc entre assureurs et établissements de santé, bien après que la controverse sur les taxes d'urgence a éclaté: en juillet 2024, un arrêt du Tribunal fédéral s'était prononcé contre la facturation d'une taxe d'urgence pour les prises en charge hors des heures régulières de consultation.
Face à cette situation, le groupe Vidymed tient à clarifier sa position.
Patrick Marquis, directeur médical du groupe, explique lors d'un entretien pour la
«Radio-Télévision Suisse» (RTS) que les patients seront triés en fonction de l'urgence de leur situation: aucune urgence grave et réelle ne doit être ignorée, y compris pour les patients assurés par Helsana. Les patients dont l'état le permet seront invités à reconsulter durant les horaires ouvrables.
«Sur une facture de 100 francs, si une taxe d'urgence de 20 francs est imposée, Helsana refuse de payer la totalité de la facture, soit les 80 francs restants» —Patrick Marquis, directeur médical du groupe Vidymed
Bien au-delà de la taxe d'urgence
Selon Vidymed, ce tri ne constitue pas une discrimination, mais une réaction nécessaire face aux pratiques d'Helsana: «La problématique n'est pas de notre côté, elle est du côté de l'assureur», affirme Marquis. Les pratiques d'Helsana vont en effet bien au-delà du simple refus de payer la taxe d'urgence: «Sur une facture de 100 francs, si une taxe d'urgence de 20 francs est imposée, Helsana refuse de payer la totalité de la facture, soit les 80 francs restants». Or, «l'assureur a la responsabilité de payer ces frais au prestataire», rappelle Marquis.
Il souligne la difficulté des discussions avec l'assureur: «Nous avons tout de même eu un contact avec le Conseil d'administration d'Helsana, qui a reconnu l'illégalité de cette pratique».
«Le risque, c'est que vous engorgiez les systèmes d'urgence d'hôpitaux qui sont dédiés à autre chose. C'est à dire, sauver les gens qui sont en détresse vitale» —Patrick Marquis, directeur médical du groupe Vidymed
Mais alors, comment agissent les autres assureurs, interroge la RTS? Ils paient l'intégralité de la facture, y compris la taxe d'urgence.
Plus d'un tiers des urgences du canton
Patrick Marquis rappelle qu'à l'instar de groupes similaires, Vidymed prend en charge plus d'un tiers des urgences du canton. «Si l'on ne soigne par ces patients-là, ce sont environ 36'000 patients par année qui, s'ils sont référés au CHUV, le CHUV, à l'heure actuelle, ne peut pas assumer ce flux de patients». Et d'ajouter: «Le risque, c'est que vous engorgiez les systèmes d'urgence d'hôpitaux qui sont dédiés à autre chose. C'est à dire, sauver les gens qui sont en détresse vitale».
Pour Patrick Marquis, cette situation révèle un problème plus large de gouvernance du système de santé, et c'est au Parlement qu'il revient de trancher.
Interview de Patrick Marquis, directeur médical du groupe Vidymed, dans l'émission «Forum» de la RTS le 27 février 2025.