Une équipe de chercheurs des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et de l’Université de Genève (UNIGE) vient de franchir une étape importante dans la détection de l’inflammation cérébrale grâce à un nouveau radiopharmaceutique: le [18F]PBR111.
Ce traceur, destiné à l’imagerie cérébrale en médecine nucléaire – via la tomographie par émission de positons (TEP ou PET scan) – permet de visualiser et de quantifier avec précision l’inflammation dans le cerveau. Un enjeu de taille dans le diagnostic et le suivi de maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou la sclérose en plaques.
- Tournier BB, Mansouri Z, Salimi Y, Ceyzériat K, Mathoux G, Richard-Lepouriel H, Zullino D, Bois F, Zaidi H, Garibotto V, Tsartsalis S, Millet P. Radiation dosimetry of the 18 kDa translocator protein ligand [18F]PBR111 in humans, dans Nuclear Medicine and Biology, mars 2025.
- doi: 10.1016/j.nucmedbio.2025.109011.
Une cible précise: la protéine TSPO
Le radiopharmaceutique utilisé a été produit à l’Unité cyclotron des HUG, une infrastructure unique en Suisse romande, qui permet la fabrication de traceurs pour l’imagerie moléculaire.
Le [18F]PBR111 agit en se fixant à la protéine TSPO, dont la concentration augmente significativement en cas d’inflammation cérébrale. La TSPO présente un intérêt particulier en tant que marqueur de l'activité microgliale et astrocytaire, mesurable par imagerie moléculaire in vivo par TEP – un élément clé dans la compréhension des maladies neurodégénératives.
Première étude clinique chez l'homme
L’étude a consisté à administrer une dose spécifique de [18F]PBR111 à six volontaires en bonne santé (trois hommes et trois femmes). Il s’agissait de la toute première étude mesurant la dosimétrie de ce traceur chez l’humain – soit l’exposition du corps aux radiations liées à son utilisation.
Les résultats sont encourageants: la dose efficace totale mesurée est de 16,17 μSv/MBq, soit 3,04 mSv par examen. Une exposition jugée modérée, et même inférieure à celle prédite par les modèles animaux utilisés jusqu’à présent. En comparant [18F]PBR111 à d’autres traceurs ciblant la même protéine (TSPO), les chercheurs ont observé des schémas de distribution similaires.
Cette étude ouvre la voie à une utilisation plus large du [18F]PBR111 en recherche clinique. Elle marque une avancée significative dans l’imagerie cérébrale et pourrait offrir un nouvel outil pour mieux comprendre, diagnostiquer et enfin traiter les maladies neurodégénératives.