Initiée par les services de médecine interne de l’Hôpital fribourgeois, du CHUV (Lausanne) et de l’Hôpital de l’Île (Berne), l’étude COMET (COhort of MEdical residenTs) se présente comme un observatoire inédit des médecins assistant(e)s en Suisse. Son objectif: comprendre les parcours professionnels des jeunes médecins en formation postgraduée en médecine interne générale (MIG) et évaluer leur santé physique et psychologique.
Au-delà de la collecte de données, COMET vise à mieux comprendre les besoins des professionnels et du système de santé. «Les données recueillies de manière systémique et prospective au sein d’un même collectif permettront d’identifier les aspects modifiables de la santé et des choix de carrière. Ces résultats éclaireront les décisions des acteurs du système de santé, tant au niveau local que national», soulignent les auteurs.
Carte: Représentation schématique des centres participant à l’étude COMET (en rouge) | Source: Mancinetti et al., 2025
Depuis plus d’un an, 245 jeunes médecins ont déjà participé à l’étude, répartis sur dix centres, hospitaliers ou ambulatoires: Fribourg, Lausanne, Berne, Riaz, Tafers, Nyon, Payerne, Yverdon, Aarau et Zurich. Chaque participant a répondu à plusieurs questionnaires, en français ou en allemand, avec un suivi annuel prévu pendant au moins cinq ans. Les premiers résultats ont été publiés dans la «Revue Médicale Suisse».
Temps partiel et équilibre vie privée-vie professionnelle
Ces résultats préliminaires montrent un intérêt particulièrement fort pour le temps partiel: 76% des participants expriment ce souhait, avec un écart marqué entre femmes (83,3%) et hommes (63,9%). Quant à l’intérêt porté au temps plein, l’écart apparaît encore une fois net: 36,1% des hommes souhaitent un temps plein contre seulement 16,7% des femmes. Les enjeux d’un aménagement du temps de travail sont importants, rappellent les auteurs: le temps partiel allonge la durée nécessaire à l’obtention d’un titre de spécialiste et complique l’accès à certaines formations hospitalières.
«Au-delà des horaires, un meilleur bien-être dans les professions de premier recours pourrait passer par la revalorisation de ces disciplines auprès des pairs, de la société et via les prestations de remboursement» — Mancinetti et al., 2025
En parallèle, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée apparaît fragile: seuls 6,8% des répondants le jugent «très bon», tandis que 41,6% l’estiment «moyen» et 17,2% «mauvais». Ainsi, moins de quatre participants sur dix ont une perception positive de cet équilibre. Selon les auteurs, «au-delà des horaires, un meilleur bien-être dans les professions de premier recours pourrait passer par la revalorisation de ces disciplines auprès des pairs, de la société et via les prestations de remboursement».
À noter toutefois: près de la moitié (48,9%) des médecins interrogés n’ont aucune intention d’arrêter d’exercer, 33,9 % ont une faible intention et 13,1% une intention moyenne. Seuls 4,1% déclarent une intention élevée ou très élevée de quitter la profession. Moins de 5% envisagent d’abandonner les soins directs aux patients dans les cinq prochaines années.
Quel avenir pour la médecine interne générale?
Dans un contexte de vieillissement de la population et de pénuries annoncées dans certaines disciplines, COMET entend fournir des clés pour comprendre la «surspécialisation» médicale et les tensions entre aspirations individuelles (temps partiel, équilibre vie privée–vie professionnelle) et exigences de formation ou de continuité des soins.
Les résultats définitifs et l’analyse longitudinale sur cinq ans devraient permettre d’identifier des leviers pour renforcer l’attractivité de ces professions et améliorer le bien-être des médecins en formation. Enfin, d’après les auteurs, 17 autres centres devraient pouvoir livrer des données.