Combien de kilomètres seriez-vous prêt à parcourir si vous deviez subir une opération pour un cancer du poumon? Et quelle distance supplémentaire accepteriez-vous de faire pour bénéficier d’un traitement de meilleure qualité?
C’est à partir de ces questions qu’un institut allemand tente de développer un modèle visant à optimiser la planification hospitalière. Les résultats de leur étude suggèrent qu’un équilibre idéal entre accessibilité et qualité des soins pourrait être atteint avec un nombre d’hôpitaux drastiquement réduit par rapport à aujourd’hui. Actuellement, 142 hôpitaux en Allemagne pratiquent la chirurgie thoracique pour le cancer du poumon. Pourtant, selon l’analyse, un modèle optimal pourrait fonctionner avec seulement 19 établissements spécialisés.
En pratique, le Barmer Institut für Gesundheitssystemforschung a conçu un «modèle de planification des soins basé sur la prospérité», prenant en compte plusieurs critères: l’accessibilité géographique, les attentes des citoyens en matière de distance et la qualité des résultats cliniques.
À la recherche de soins «optimaux et prospères»
L’institut, filiale de la caisse d’assurance maladie Barmer, a choisi d’étudier la chirurgie thoracique du cancer du poumon, une intervention pour laquelle le volume de cas traités joue un rôle crucial dans la qualité des résultats.
En parallèle, une enquête a été menée auprès d’un échantillon représentatif d’un millier de personnes. Une question clé leur a été posée: seriez-vous prêt à faire plus d’une heure de route si l’hôpital le plus éloigné offrait un taux de survie à un an plus élevé? Résultat: une large majorité des participants ont répondu favorablement. Ce n’est que lorsque le trajet dépassait nettement les deux heures que la réticence devenait significative.
19 cliniques sur 142
Réduire le nombre d’hôpitaux permettrait d’augmenter le volume de cas traités dans chaque établissement, améliorant ainsi les taux de survie.
À partir des données de l’enquête et des statistiques sur la survie à un an, les chercheurs de Barmer ont testé plusieurs scénarios. Ils ont ainsi dessiné un paysage de soins «optimal», où le nombre d’établissements se situe entre 15 et 22 à l’échelle du pays. Le scénario présentant la meilleure valeur de prospérité comptait 19 sites. Dans cette configuration, le temps de trajet moyen passerait de 40 à 54 minutes, tandis que le taux de survie grimperait de 89,1% à 93,6%.
De manière surprenante, ce modèle impliquerait une réduction de près de 90% du nombre d’hôpitaux, tout en n’allongeant le temps de trajet moyen des patients atteints d’un cancer du poumon que de 14 minutes. «Pour l’ensemble des patients en Allemagne, un tel paysage de soins serait optimal en termes de prospérité», conclut l’étude.