Reality Check: comment planifier la salle d'opération de demain

À Nidau, une nouvelle salle de test permet aux hôpitaux, aux architectes et aux chirurgiens de simuler de manière réaliste des scénarios de bloc opératoire – et ainsi de corriger les erreurs de planification dès la conception.

, 16 septembre 2025 à 12:26
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Fini le papier et le crayon. Les salles d'opération de demain sont planifiées dans la salle d'opération test | Image: Swiss Center for Design and Health, DR
À quoi ressemblera la salle d'opération de demain? La question se pose avec de plus en plus de pertinence face à l'augmentation des coûts, au manque de personnel qualifié et à la rapidité des évolutions technologiques. L'ouverture d'une salle d'opération test ultramoderne au Swiss Center for Design and Health (SCDH) à Nidau devrait désormais permettre de franchir une étape décisive vers une planification hospitalière durable.

Un environnement high-tech centré sur l'humain

Au cours des dernières décennies, la salle d'opération est passée d'une simple pièce à un environnement high-tech. Des normes d'hygiène les plus strictes, des systèmes de commande complexes et des techniques médicales de pointe en définissent aujourd'hui la configuration. Parallèlement, les techniques mini-invasives et les interventions ambulatoires gagnent en importance, ce qui accroît encore les exigences en matière de planification.
Mais comment les professionnels interagissent-ils exactement avec les systèmes robotisés? Et comment ces machines géantes modifient-elles le flux de travail? Dans la nouvelle salle de test, les salles d'opération du futur pourront être expérimentées à l'échelle 1:1. Les hôpitaux, les bureaux d'architectes, les entreprises de technique médicale et les équipes chirurgicales peuvent y développer, vérifier et adapter ensemble des concepts.
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Près de 150 invités ont participé à l’inauguration de la salle d’opération test. Image: DR.
La salle est équipée de systèmes de capture de mouvement («motion capture») et de suivi oculaire («eye tracking»). Tous les regards, gestes et déplacements de l'équipe chirurgicale sont ainsi enregistrés pour être analysés ultérieurement.
Il ne s'agit pas seulement de déterminer l'efficacité du travail de l'équipe, mais aussi de prendre en compte les aspects ergonomiques. Le feed-back des utilisateurs est également minutieusement documenté. Pendant la simulation, tous les participants expriment leurs pensées à voix haute. Des microphones enregistrent les conversations.

Construction modulaire: rester flexible

«Nous, les architectes, ne parlons pas le même langage que les chirurgiens. C'est pourquoi il est extrêmement important de visualiser», a déclaré Thomas Stegmaier (Baufeld AG) lors de la table ronde organisée le jour de l'inauguration.
Fabio Carrillo (Universitätsklinik Balgrist / OR-X) fournit à ce sujet un exemple tiré de sa propre expérience: «Nous utilisons de plus en plus de lunettes VR en chirurgie. Mais celles-ci ne fonctionnent pas sur les surfaces réfléchissantes». Les murs vitrés, pourtant fréquentes au bloc opératoire, s'avèrent donc inutilisables dans ce contexte. À l'avenir, de telles erreurs de planification pourront être évitées. En effet, le Living Lab permet de tester tous les matériaux, y compris l'acoustique de différents revêtements de sol. «En salle d'opération, tous les sens comptent», souligne Carrillo.
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La table ronde a porté sur la construction durable des hôpitaux. Image: DR.
La construction d'un nouvel hôpital dure en général 10 à 15 ans. Pendant ce temps, la technologie fait d'énormes progrès. C'est pourquoi il faut miser davantage sur une construction modulaire, souligne Thomas Fritsch (HT Group): «Si l'on crée de bonnes structures, on peut à tout moment les vider, les rénover et les transformer en salles d'opération ultramodernes». Sa solution concernant le problème des parois: «Appliquer des revêtements mats».
«Le bloc opératoire est la pièce qui coûte le plus cher à l'entreprise. Il est donc essentiel de le planifier avec des structures aussi flexibles que possible, en transcendant les disciplines et en étant orienté vers l'avenir». Mathias Scherz, Insel Gruppe
Consacrer un peu plus de temps à la planification est également justifiable d'un point de vue économique, souligne Mathias Scherz (Insel Gruppe): «Le bloc opératoire est la pièce qui coûte le plus cher à l'entreprise. Il est donc essentiel de le planifier avec des structures aussi flexibles que possible, en transcendant les disciplines et en étant orienté vers l'avenir»

Aperçu des possibilités d'application:

  • Bureaux d'architectes: vérification des plans, des processus et des scénarios spatiaux dès les premières phases de projet
  • Technique médicale: tests d'appareils et de systèmes en termes d'ergonomie, d'utilisabilité et d'interaction
  • Disciplines médicales et maîtres d'ouvrage: développement conjoint de solutions innovantes pour les hôpitaux et les centres chirurgicaux
L’avenir dira dans quelle mesure cette salle d’opération test influencera la construction des hôpitaux. Une chose est toutefois déjà certaine: la possibilité de simuler des blocs opératoires dans des conditions proches de la réalité avant leur construction ouvre de nouvelles perspectives et pourrait transformer durablement la planification hospitalière.

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