Une vaste étude multicentrique menée aux États-Unis s’est récemment intéressée au lien entre le statut de minorité sexuelle et de genre (Sexual and Gender Minority Status, SGM) et le bien-être au travail chez les médecins et les assistants médicaux. Première en son genre par son ampleur et son approche spécifique, cette recherche a été dirigée par Carl G. Streed Jr. et ses collègues de la Boston University Chobanian and Avedisian School of Medicine. L’étude s’appuie sur des données collectées dans huit hôpitaux universitaires. Les analyses statistiques ont été réalisées entre juin 2023 et février 2024.
Bien-être au travail: quels indicateurs?
Plusieurs indicateurs clés du bien-être professionnel ont été étudiés, notamment l'épuisement professionnel, l'accomplissement au travail, Professional Fulfillment Index (PFI), l'intention de démissionner, ainsi que les niveaux d'anxiété et de dépression auto-déclarés. Parmi les 20'541 médecins et 6'900 assistants invités à participer, 8'376 médecins et 2'564 assistants ont répondu. Au total, 4,6% des médecins et 8,3% des assistants se sont identifiés comme appartenant à une minorité sexuelle et/ou de genre (SGM).
Un risque accru d'épuisement professionnel
Les chercheurs ont constaté une prévalence accrue de signes d'épuisement professionnel (burnout) chez les professionnels SGM, qu’ils soient médecins ou assistants, ainsi qu’un niveau d’accomplissement professionnel inférieur par rapport à leurs collègues non SGM. Par ailleurs, les médecins SGM étaient plus enclins à envisager de quitter leur poste, bien que cette tendance ne se soit pas confirmée chez les assistants. Ces différences sont demeurées significatives même après ajustement pour d'autres variables telles que l'âge et l'origine ethnique.
Quel impact sur le système de santé?
Au-delà du burnout, l’étude met en évidence l'impact des conditions de travail sur les professionnels de santé. Ces facteurs influencent non seulement le bien-être au travail, mais également la cohésion des équipes, la relation médecin-patient et la qualité des soins, autant d’éléments essentiels au bon fonctionnement du système de santé. L’épuisement professionnel a notamment été fréquemment associé à un risque accru d'erreurs médicales. De plus, pour répondre à une demande croissante en soins de santé, il est crucial non seulement de recruter, mais aussi de fidéliser ces professionnels au sein des établissements.
Les résultats de cette étude mettent en lumière les défis spécifiques auxquels les professionnels SGM sont confrontés et soulignent la nécessité de promouvoir des environnements de travail inclusifs et sains pour l'ensemble du personnel médical. Des conditions de travail optimales sont indispensables pour garantir à la fois le bien-être des professionnels et la qualité des soins dispensés aux patients.