La maladie thromboembolique veineuse touche chaque année en France plusieurs dizaines de milliers de personnes, et est associée à un taux de récidive particulièrement élevé. Cette pathologie, qui peut mener à une embolie pulmonaire, se classe au troisième rang des causes de mortalité cardiovasculaire dans le pays. Pour mieux comprendre et prévenir les rechutes, une équipe de recherche internationale a tenté d'identifier des biomarqueurs prédictifs de la récidive.
Si le traitement standard repose aujourd’hui sur des anticoagulants, ceux-ci empêchent l’extension ou la reconstitution du caillot mais ne le détruisent pas. En outre, ces médicaments exposent les patients à un risque d’hémorragie. Mieux prédire la récidive permettrait donc d’adapter la durée et l’intensité du traitement au profil de chaque patient afin de minimiser le risque hémorragique.
Première étude d'association pangénomique
Menée par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale en France) et l’université de Bordeaux, en collaboration avec des équipes internationales, l’étude s’inscrit dans le cadre du projet Morpheus. Ce projet européen – dont fait partie la Suisse – vise à développer un outil de prédiction du risque de récidive, qui pourrait, à terme, être intégré dans la pratique médicale courante.
Pour identifier les signatures biologiques associées aux rechutes, les chercheurs ont analysé le profil génétique de plus de 6'300 personnes atteintes de maladie thromboembolique veineuse, issues de huit cohortes réparties à travers l’Europe. Parmi elles, 1'775 avaient déjà connu un nouvel épisode thromboembolique.
«Il s’agit de la première étude d’association pangénomique – c’est-à-dire analysant l’intégralité du génome de plusieurs individus – qui s’intéresse au risque de récidive dans cette maladie», souligne l’Inserm dans un
communiqué.
Vers des traitements personnalisés
L’analyse a permis d’identifier 28 marqueurs moléculaires associés au risque de récidive, incluant des variations génétiques, des niveaux d’expression génique et des protéines spécifiques. Ces marqueurs interviennent à plusieurs étapes clés du processus par lequel l’ADN produit les protéines nécessaires au fonctionnement de l’organisme.
Les résultats révèlent également que les signatures biologiques de la récidive diffèrent de celles du premier événement thromboembolique: 22 des 28 marqueurs identifiés n’avaient jamais été associés à un premier épisode. De plus, certains marqueurs varient selon le sexe ou selon les caractéristiques de l’événement initial (phlébite, embolie pulmonaire, événement provoqué ou non).
«Cette étude marque une avancée majeure dans la compréhension des mécanismes biologiques impliqués dans la récidive et ouvre la voie au développement de nouvelles stratégies de prévention et de traitement, mieux adaptées au profil génétique et clinique de chaque patient», conclut l’Inserm.