Deux professeurs du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) développent un outil basé sur l’intelligence artificielle (IA) pour détecter plus précocement les risques d’infarctus. Cette technologie repose sur l’analyse avancée des imageries médicales afin d’identifier des lésions susceptibles de provoquer un infarctus.
Dépasser les limites de l’œil humain
Parmi les chercheurs à l’origine du projet, le professeur
Olivier Müller, cardiologue et médecin-chef de service au CHUV, souligne l’urgence d’intégrer ces nouvelles technologies à la médecine cardiovasculaire. «L’infarctus est la première cause de mortalité dans le monde, en Suisse et dans le canton de Vaud. Nous, cardiologues, avons pris du retard sur l’utilisation de l’intelligence artificielle», déclare-t-il à la
«Radio-Télévision Suisse» (RTS). «L’œil humain a ses limites. Il est temps d’aller plus loin.»
À ses côtés, Emmanuel Abbé, professeur en mathématiques et sciences des données à l’EPFL, développe une méthode algorithmique pour analyser les images d’angiographie. L’objectif: apporter plus de précision et d’objectivité aux diagnostics réalisés jusqu’ici uniquement par des experts humains. «L’algorithme prend une image d’un patient, la traite et la compare à une base de données d’images similaires afin d’évaluer le risque d’attaque cardiaque», explique Emmanuel Abbé à la RTS.
Vaste étude suisse
L’intelligence artificielle a déjà prouvé son efficacité en cardiologie, notamment dans une
étude exploratoire publiée en 2024. Sur un échantillon réduit de patients, l’IA s’est montrée plus performante que les cardiologues pour identifier les cas à risque. Forte de ces premiers résultats, l’équipe du CHUV et de l’EPFL entend désormais mener une étude de grande ampleur, impliquant plus de 1’000 patients à travers la Suisse.
Cette recherche s’inscrit dans le cadre de
SwissCardIA, un programme qui explore depuis plusieurs années l’apport de l’IA dans le diagnostic, l’évaluation et la prise en charge des maladies cardiovasculaires.
« Dans un premier temps on va superviser une intelligence qui aura acquis énormément d’expérience et, à la fin, je pense qu’on va mieux traiter les patients. C’est notre seul mandat », conclut Olivier Müller.