Le Ministère public neuchâtelois ouvre une enquête pénale visant l’ancienne direction de la Fondation Admed, le plus grand laboratoire d’analyses et de diagnostics du canton. En cause: de possibles actes de gestion déloyale ou d’abus de confiance.
En 2024,
une enquête de la «Radio-Télévision Suisse» (RTS) révélait des dépenses extravagantes de l’ancien directeur de la Fondation, notamment des repas au restaurant réglés avec une carte de crédit professionnelle, atteignant parfois jusqu’à 3'000 francs par repas. Au total, ses notes de frais ont atteint près de 40'000 francs en seulement six mois.
Face à ces révélations, la Fondation Admed avait annoncé en novembre le départ du directeur, d’un accord commun.
«Lorsque le Ministère public apprend, par n’importe quelle voie, qu’une infraction poursuivie d’office a été commise, il a l’obligation d’ouvrir une procédure.» —Pierre Aubert, procureur général du canton de Neuchâtel
Une fondation financée par des fonds publics
Le cœur du problème réside dans le mode de financement d’Admed. Bien que fondation de droit privé, elle tire l’essentiel de ses ressources d’un partenariat avec le
Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) ainsi que des primes maladie et des contributions publiques. «C’est une entreprise certes privée, mais d'intérêt public et financée en grande partie par les assurances sociales», souligne Pierre Aubert, procureur général du canton de Neuchâtel,
auprès de la RTS.
Dans ce contexte, la justice s’est saisie du dossier. «Lorsque le Ministère public apprend, par n’importe quelle voie, qu’une infraction poursuivie d’office a été commise, il a l’obligation d’ouvrir une procédure, ne serait-ce que pour vérifier les faits, quel qu’en soit le lésé», explique le procureur.
L’enquête pénale est en cours, et le conseil de fondation s’est constitué partie plaignante, confirme Muriel Dessaules, présidente d’Admed, à la RTS. Cependant, aucune inculpation n’a été prononcée à ce stade.
Projet immobilier stoppé et licenciements
L’ancien directeur portait un projet ambitieux: centraliser Admed et le RHNe dans un nouveau pôle de santé cantonal. Il prévoyait l’acquisition d’un bâtiment à Monruz, à Neuchâtel, pour plus de 8 millions de francs, dans le cadre d’un chantier à 40 millions de francs destiné à regrouper les activités de laboratoire et certaines prestations du RHNe. Mais depuis l’été 2024, les travaux sont à l’arrêt, faute de financements.
En parallèle, Admed avait annoncé une vague de licenciements. Une dizaine d’employés sur environ 200 ont perdu leur emploi juste avant Noël.
Muriel Dessaules, actuelle présidente d’Admed et directrice du site de Pourtalès (RHNe), a annoncé qu’elle quittera son poste au printemps. Elle justifie sa décision par la volonté d’éviter tout reproche de conflit d’intérêts.
«Le procureur neuchâtelois décidera si les notes de frais de l’ancien directeur d’Admed cachent des actes illégaux», émission «Forum» de la RTS, 18 février 2025