À Lausanne, l'Inspection du travail épingle l’hôpital ophtalmique Jules-Gonin

Une enquête semble corroborer les alertes lancées par des employés et des syndicats sur l’environnement professionnel au sein de l’institution – la direction est sommée d'agir.

, 15 juillet 2025 à 11:48
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Le centre d’urgence de l'hôpital ophtalmique | Image: Hôpital Jules-Gonin, DR
À l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin de Lausanne, le malaise du personnel devient de plus en plus audible. En mars dernier, une quinzaine d’employés prenaient la parole dans les colonnes de «24 heures», dénonçant un climat professionnel «devenu insupportable», marqué par des «méthodes de management tyranniques». Trois mois plus tard, l'Inspection du travail de Lausanne (ITL) livre les résultats de son enquête.

«Facteurs de risques psychosociaux au travail»

Plus de 50 collaborateurs ont été auditionnés par les inspecteurs. Selon le rapport de l’ITL, 51% des personnes interrogées déclarent avoir été témoins de harcèlement ou de comportements irrespectueux. Fait particulièrement inquiétant: dans 80% des cas, ces agissements émaneraient de membres de la hiérarchie.
«Il ressort du contrôle que votre personnel est exposé à des facteurs de risques psychosociaux au travail. Les mesures de prévention actuellement en place semblent ne pas être efficaces», souligne l’ITL. Parmi les faits rapportés: harcèlement moral, dénigrement, humiliations, et critiques incessantes.

Procédures non conformes?

D'après la fédération syndicale SUD, l’enquête pointe aussi de graves lacunes dans les dispositifs internes de protection. La personne de confiance censée être indépendante de la ligne hiérarchique serait, en réalité, la directrice des ressources humaines – une situation contraire à la législation en vigueur. La communication de la Fondation Asile des aveugles, pour sa part, rapporte qu'en «date du 27 mai 2025, la fonction de «personne de confiance interne» a été supprimée» et que «la fonction de personne de confiance externe est toujours assurée par une agence externe».
En outre, d’autres dysfonctionnements auraient été mis en lumière dans le rapport de l'ITL, notamment en lien avec le temps de travail et la protection de la maternité.
Face à ces accusations, la direction semble vouloir de nuancer ces allégations: «Chaque fois que nous tentons de faire remonter les problèmes au directeur, il dit qu’il s’agit de problèmes de communication», rapporte un employé cité par «Le Temps».

Recommandations et avertissements

L’ITL ne s’est pas contentée d’observer. Elle a formulé des recommandations à caractère obligatoire et fixé une échéance au 1er juillet pour l'élaboration de mesures correctrices. L'institution Jules Gonin affirme y avoir répondu dans les délais. Elle ajoute que «l’ITL a «pris note des mesures planifiées par notre institution ainsi que de notre engagement à répondre aux exigences légales mentionnées dans leur rapport» en date du 11 juillet 2025.»
Le non-respect de ces mesures pourrait entraîner des suites judiciaires, soulignent les syndicats, qui indiquent qu'une dizaine de procédures sont en cours aux prud'hommes. De son côté, l'institution tient à le rappeler: «À notre connaissance, aucune plainte au Tribunal de Prud’hommes, ni procédure pénale n’est engagée actuellement contre notre Fondation.»
Le Département de la santé et de l’action sociale (DSAS) semble, quant à lui, adopter une posture prudente, bien que l’hôpital bénéficie de fonds publics. «L’Hôpital Jules-Gonin est un établissement de droit privé, indépendant du DSAS», précise le canton pour «Le Temps». Il indique néanmoins avoir rencontré la direction en juin, et l’avoir invitée à collaborer avec les syndicats.
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