Comment améliorer la rééducation chez les personnes touchées par des troubles neurologiques majeurs – comme la sclérose en plaques, ou les séquelles laissées par un accident vasculaire cérébral ou une lésion de la moelle épinière? C’est à cette question que s’attaque une équipe de recherche à travers le projet
BB-REBUS (Brain-Body factors mediating altered Bodily representations in multiple pathological conditions), lancé ce printemps et financé par ERA-NET NEURON JTC 2024, avec le soutien du Fonds National Suisse (FNS).
Un facteur souvent négligé
Au cœur de ce projet de recherche: les symptômes de déconnexion entre corps et cerveau, qui freinent la récupération fonctionnelle mais restent largement sous-estimés. De nombreux patients évoquent des sensations de membres «gelés», «absents», «hors de contrôle», voire étrangers à leur propre corps. Des expériences souvent qualifiées de «symptômes invisibles de la maladie», comme lors d’une récente
campagne de sensibilisation sur la sclérose en plaques.
Ces troubles peuvent pourtant représenter un obstacle majeur à la rééducation et à la reprise d’autonomie.
Un consortium européen interdisciplinaire
Coordonné depuis la Suisse par la professeure Michela Bassolino, de la Haute École de Santé de la HES-SO Valais-Wallis, BB-REBUS réunit un consortium de partenaires européens aux expertises complémentaires. Parmi eux on compte les professeurs Andrea Serino (CHUV – Université de Lausanne, Suisse), Devrim Unay (ZOI Data, Izmir, Turquie), Cristina Becchio (UKE, Hambourg, Allemagne), Valentina Moro (IRCCS, Vérone, Italie), et Kamil Jonak (Université de technologie de Lublin, Pologne).
L’équipe conjugue des compétences en neurosciences, neuroréhabilitation, neuroimagerie, neurophysiologie, modélisation informatique et en analyse du mouvement.
Ce que le corps ressent… ou ne ressent plus
Le projet vise à identifier, comprendre et mesurer les altérations de la perception corporelle, encore trop souvent ignorées dans la pratique clinique. «L’objectif est de mieux intégrer cette dimension dans les pratiques thérapeutiques», souligne un
communiqué de la HES-SO Valais-Wallis.
Schéma des les étapes clés du projet | Image: BB-REBUS
BB-REBUS analysera la fréquence, l’évolution et les mécanismes de ces altérations, en lien avec des facteurs sensoriels, moteurs, cognitifs et neuronaux. Pour cela, le projet s’appuie sur une méthodologie en trois volets:
- WP1: caractérisation large des troubles
- WP2: phénotypage approfondi
- WP3: analyses par apprentissage automatique
Vers des soins plus personnalisés
Les données recueillies devraient permettre de modéliser les similitudes et spécificités entre les trois pathologies ciblées. À terme, BB-REBUS vise à poser les bases de stratégies de rééducation personnalisées, «tenant compte non seulement du corps physique, mais aussi de la manière dont celui-ci est perçu par les patients et patientes», conclut le communiqué.
Les patient-e-s, leurs proches aidant-e-s ainsi que les professionnel-le-s de santé seront impliqués dès les premières phases du projet, afin d’ancrer la recherche dans les réalités cliniques et de garantir une meilleure transférabilité des résultats.
Pour la HES-SO Valais-Wallis, ce projet illustre sa capacité à «fédérer un réseau scientifique international autour d’une problématique majeure de santé publique»: améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec une atteinte neurologique.