Entre corps et cerveau: un projet européen piloté depuis le Valais

Un projet de recherche européen, coordonné depuis la HES-SO Valais-Wallis, s’attaque à un facteur souvent négligé dans la rééducation des patients atteints de pathologies neurologiques: les altérations de la perception corporelle.

, 30 juillet 2025 à 10:06
image
Démarrage officiel du projet au Neurorehab Research Center de Lavigny | Image: HES-SO, DR
Comment améliorer la rééducation chez les personnes touchées par des troubles neurologiques majeurs – comme la sclérose en plaques, ou les séquelles laissées par un accident vasculaire cérébral ou une lésion de la moelle épinière? C’est à cette question que s’attaque une équipe de recherche à travers le projet BB-REBUS (Brain-Body factors mediating altered Bodily representations in multiple pathological conditions), lancé ce printemps et financé par ERA-NET NEURON JTC 2024, avec le soutien du Fonds National Suisse (FNS).

Un facteur souvent négligé

Au cœur de ce projet de recherche: les symptômes de déconnexion entre corps et cerveau, qui freinent la récupération fonctionnelle mais restent largement sous-estimés. De nombreux patients évoquent des sensations de membres «gelés», «absents», «hors de contrôle», voire étrangers à leur propre corps. Des expériences souvent qualifiées de «symptômes invisibles de la maladie», comme lors d’une récente campagne de sensibilisation sur la sclérose en plaques.
Ces troubles peuvent pourtant représenter un obstacle majeur à la rééducation et à la reprise d’autonomie.

Un consortium européen interdisciplinaire

Coordonné depuis la Suisse par la professeure Michela Bassolino, de la Haute École de Santé de la HES-SO Valais-Wallis, BB-REBUS réunit un consortium de partenaires européens aux expertises complémentaires. Parmi eux on compte les professeurs Andrea Serino (CHUV – Université de Lausanne, Suisse), Devrim Unay (ZOI Data, Izmir, Turquie), Cristina Becchio (UKE, Hambourg, Allemagne), Valentina Moro (IRCCS, Vérone, Italie), et Kamil Jonak (Université de technologie de Lublin, Pologne).
L’équipe conjugue des compétences en neurosciences, neuroréhabilitation, neuroimagerie, neurophysiologie, modélisation informatique et en analyse du mouvement.

Ce que le corps ressent… ou ne ressent plus

Le projet vise à identifier, comprendre et mesurer les altérations de la perception corporelle, encore trop souvent ignorées dans la pratique clinique. «L’objectif est de mieux intégrer cette dimension dans les pratiques thérapeutiques», souligne un communiqué de la HES-SO Valais-Wallis.
image
Schéma des les étapes clés du projet | Image: BB-REBUS
BB-REBUS analysera la fréquence, l’évolution et les mécanismes de ces altérations, en lien avec des facteurs sensoriels, moteurs, cognitifs et neuronaux. Pour cela, le projet s’appuie sur une méthodologie en trois volets:
  • WP1: caractérisation large des troubles
  • WP2: phénotypage approfondi
  • WP3: analyses par apprentissage automatique

Vers des soins plus personnalisés

Les données recueillies devraient permettre de modéliser les similitudes et spécificités entre les trois pathologies ciblées. À terme, BB-REBUS vise à poser les bases de stratégies de rééducation personnalisées, «tenant compte non seulement du corps physique, mais aussi de la manière dont celui-ci est perçu par les patients et patientes», conclut le communiqué.
Les patient-e-s, leurs proches aidant-e-s ainsi que les professionnel-le-s de santé seront impliqués dès les premières phases du projet, afin d’ancrer la recherche dans les réalités cliniques et de garantir une meilleure transférabilité des résultats.
Pour la HES-SO Valais-Wallis, ce projet illustre sa capacité à «fédérer un réseau scientifique international autour d’une problématique majeure de santé publique»: améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec une atteinte neurologique.
Partager l'article

Loading

Commentaire

Plus d'informations sur ce sujet

image

L'UNIGE signe une avancée majeure dans la lutte contre le diabète de type 1

Vivre avec un diabète de type 1 sans dépendre de l’insuline? C’est l’horizon qu’esquisse un consortium européen dirigé par l’Université de Genève, qui présente un pancréas bioartificiel aux résultats prometteurs.

image

Une étiquette intelligente pour sécuriser le transport des médicaments

Une équipe de l'Empa, de l'EPFL et du CSEM a développé une étiquette-capteur biodégradable capable de mesurer en temps réel la température et l'humidité – une innovation qui pourrait améliorer le suivi du transport de produits tels que les médicaments.

image

Les smartwatches rendraient les médecins plus résistants

Une récente étude livre des résultats surprenants: les médecins qui suivent leurs données de santé grâce à une montre connectée voient leur risque de burnout diminuer et leur résilience se renforcer.

image

«Kidz»: Bâle lance un modèle d'hospitalisation à domicile en pédiatrie

Alors que la prise en charge d'enfants malades à domicile est déjà établie dans certains pays, Bâle ose désormais franchir le pas avec «Kidz», un nouveau projet pilote.

image

Helsana alerte sur la hausse des examens par TDM en Suisse

L’année dernière, plus de 600'000 personnes, soit près de 7% de la population, ont subi au moins un scanner du tronc. L’assureur s’inquiète de cette augmentation.

image

Septième cas mondial de rémission du VIH après une greffe de cellules souches

Un sexagénaire est considéré guéri du VIH. Selon des scientifiques berlinois, son cas est d’autant plus remarquable que les cellules souches transplantées n’étaient pas résistantes au virus.

Du même auteur

image

Le Groupement Hospitalier de l'Ouest Lémanique et le Réseau Delta s'allient

Le GHOL et le Réseau Delta s’associent dans le district de Nyon. Leur objectif: bâtir une «Région en Santé» connectant hôpital, médecins, EMS et autres acteurs du territoire.

image

Swiss Medical Network crée la région «Arc lémanique», Stanley Hautdidier en prend la direction

Le groupe de cliniques privées poursuit sa réorganisation: Vaud et Genève seront réunis au sein de la région «Arc Lémanique», confiée à Stanley Hautdidier. Vincent Michellod rejoint la direction générale, tandis que Nello Castelli la quitte.

image

Diriger, soigner, inspirer: la SSMIG veut accompagner les futurs chefs de clinique

Entre management, coordination d'équipe et exigences cliniques, les chefs de clinique endossent un rôle résolument transversal. Pour accompagner cette transition décisive, la Société suisse de médecine interne générale présente un nouveau guide pratique.