La fermeture des écoles a été l’un des sujets les plus controversés pendant la pandémie de coronavirus. Tandis que la Suisse a opté pour une politique modérée, d'autres pays ont adopté des mesures plus radicales, convaincus que les crèches et les écoles étaient des foyers majeurs de transmission du Covid-19.
Cette hypothèse continue toutefois d’être remise en question. Une nouvelle étude contribue à nuancer ce point de vue. Menée par une équipe des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), de l’Université de Genève, de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et de l’Université Johns Hopkins, elle analyse la prévalence du SARS-CoV-2 dans les écoles et crèches genevoises, comparée à celle observée dans la population générale.
Cette recherche s’appuie sur le projet de surveillance SEROCoV-Schools, lancé à Genève en mars 2021, qui a permis de collecter des données sérologiques, virologiques et épidémiologiques auprès de 336 enfants, 51 éducateurs et familles, répartis dans 40 classes et crèches.
L’étude se concentre sur la corrélation entre la transmission du virus dans les établissements scolaires et le taux d’infection dans la population générale.
Les résultats issus du modèle montrent qu’au début de la pandémie, les contaminations se produisaient principalement à l’intérieur des écoles. Mais cette dynamique a changé: lorsque le taux d’incidence a augmenté dans la société, les foyers détectés dans les écoles étaient largement dus à des cas importés, c’est-à-dire à des infections survenues en dehors du cadre scolaire.
Tout ou rien
Ces conclusions suggèrent que les mesures sanitaires en milieu scolaire (masques, ventilation, fermetures) ne sont réellement efficaces que lorsque le taux d’infection général reste bas. En revanche, lorsque l’incidence dans la population est très élevée, leur impact devient marginal: même les fermetures ponctuelles d’écoles ou de crèches ont alors peu d’effet.
À l’inverse, en période de faible circulation virale, ces mêmes mesures peuvent contribuer à contenir des foyers épidémiques localisés au sein des établissements concernés.
En résumé, maîtriser la transmission du virus chez les enfants implique un contrôle global à l’échelle de la société. Lorsque l’incidence est élevée, les mesures limitées aux écoles s’avèrent largement insuffisantes.