Aux États-Unis, le taux de mortalité des chirurgiens s'avère nettement plus élevé que celui des autres médecins. C'est ce que révèle une récente analyse du US National Vital Statistics System pour l'année 2023. L'étude a porté sur plus d'un million de décès survenus chez des personnes âgées de 25 à 74 ans, dont 224 chirurgiens.
Le taux de mortalité ajusté en fonction de l'âge et du sexe était de 355,3 pour 100'000 personnes chez les chirurgiens, contre 228,4 pour 100'000 chez les autres médecins. Cela correspond à un taux de mortalité relatif de 1,56.
Les principales causes de décès
- Le cancer arrive largement en tête chez les chirurgiens, avec une incidence deux fois plus élevée que chez les non-chirurgiens (193,2 contre 87,5/100'000).
- Les maladies cardiaques, l'hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux sont également plus fréquents.
- Les accidents de la route et les actes de violence représentent une autre part importante des décès chez les chirurgiens.
Ces derniers affichent toutefois des taux moindres pour certaines causes de décès: le diabète, les maladies respiratoires et la septicémie sont à l'origine de moins de décès chez eux que chez les autres médecins. Selon les scientifiques, le suicide figure toutefois parmi les cinq principales causes de décès dans les deux groupes.
Les chirurgiens négligent-ils la prévention?
«Il est paradoxal que des personnes ayant des connaissances médicales approfondies puissent néanmoins être victimes de maladies évitables ou traitables», souligne
Robert Uzzo, urologue et CEO du Fox Chase Cancer Center de Philadelphie, en commentant l'étude.
Dans «Renal + Urology News», il cite les longues heures de travail, le stress et les horaires irréguliers comme causes possibles de la mortalité liée à l'hypertension artérielle. Le manque de sommeil et le stress affectent également le temps de réaction et la prise de décision, ce qui pourrait expliquer le risque accru d'accidents de la route mortels.
«La réalité est que de nombreux chirurgiens négligent leur propre santé en raison d'horaires de travail exigeants et d'obligations liées aux soins des patients», explique Uzzo. Cela entraîne également des retards dans les examens préventifs et un suivi insuffisant par le médecin généraliste.
Point néanmoins encourageant: par rapport aux juristes, aux ingénieurs et aux scientifiques, dont le niveau d'éducation et les revenus sont similaires, la mortalité des chirurgiens était légèrement inférieure (404,5/100'000), et nettement inférieure à celle du reste de la population active (632,5/100'000).