Amélioration de la qualité de vie au travail, déploiement de l'«IA Factory», simplification et réduction de la charge administrative... Les
Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ont présenté aujourd'hui leur
stratégie institutionelle pour la période 2026–2030. Si ce nouveau cap s'inscrit dans la continuité des années précédentes, quelques nouveautés sont à noter.
«Prioriser et assumer ses choix»
Un des piliers de la nouvelle stratégie: «prioriser et assumer ses choix». Les HUG concèdent noir sur blanc: «Nous avons tendance à résoudre nos problèmes en ajoutant des ressources humaines et nos ambitions dépassent souvent nos capacités qu’elles soient humaines, financières ou de mise en œuvre. (…) Par conséquent, nous avons du mal à atteindre le niveau d’excellence auquel nous aspirons. Nous ne menons pas nos initiatives à leur terme et nos équipes sont surchargées.»
Le constat est clair: l’institution et ses collaboratrices et collaborateurs s’essoufflent. Pénurie de personnel soignant, engorgements, absentéisme élevé, recours accru aux intérimaires… autant de difficultés qui fragilisent la capacité d’endurance des équipes.
Entre «courage mangérial»...
Pour inverser la tendance, les HUG entendent concentrer leurs efforts sur ce qui, selon eux, compte vraiment. «Prioriser, c’est nous donner les moyens de concentrer nos ressources là où leur impact est le plus important et de gérer notre effort sur la durée», rappelle la direction.
«Nos ambitions dépassent souvent nos capacités qu’elles soient humaines, financières ou de mise en œuvre.» — HUG, stratégie 2026–2030
Le mot d’ordre: renforcer le «courage managérial», autrement dit la capacité à prendre des décisions difficiles et à les appliquer. Reste à voir comment cela se traduira dans les faits: arrêt de certaines prestations, coupes ciblées dans les ressources? La question reste ouverte.
...et coopérations renforcées
Cette volonté de recentrer les efforts s’accompagne d’une autre conviction: l’hôpital ne peut plus avancer seul. Le plan prévoit ainsi de développer les partenariats. Les HUG veulent travailler de plus près avec des acteurs tels que les cliniques privées, le CHUV, d’autres hôpitaux universitaires suisses et français, et d'autres établissements romands. Objectif: mieux répartir les prestations, dont celles de médecine hautement spécialisée et concentrer l’expertise.
«Nous ne pouvons plus continuer à vouloir tout faire et à vouloir être excellents dans tout», souligne
Robert Mardini, directeur général des HUG, au micro de la
«RTS». Dans le domaine de la transplantation, par exemple, la répartition est déjà en place: foie et pancréas à Genève; poumon et cœur à Lausanne.
Miser sur l'IA contre la bureaucratie
Autre nouveauté: les HUG lancent l’«IA Factory». Cette plateforme interne doit héberger et piloter les projets d’intelligence artificielle, qu’ils soient cliniques ou administratifs. Hébergement sécurisé des données, intégration dans les outils métiers, respect de l’éthique et accompagnement au changement... l’hôpital promet un écosystème complet. Objectif affiché: réduire la charge administrative qui grignote le temps médical et soignant.
Reste la question du financement. Les HUG annoncent la création d’un «fonds d’impulsion» pour soutenir la mise en œuvre de leur stratégie. L’institution aborde cette nouvelle étape sur des bases encourageantes malgré les défis:
elle a terminé l’année 2024 avec un excédent de 30 millions de francs, porté par une reprise marquée de l’activité hospitalière – un retour à l’équilibre après plusieurs années de déficit.