«Les caisses maladie craignent une explosion des coûts à cause des médicaments anti-obésité» (RTS). «Les Suisses, champions des injections amincissantes» (20 Minutes). «Les injections pour maigrir coûtent des milliards à l’industrie agroalimentaire mondiale» (Blick). Ou encore: «Les traitements contre l'obésité grèvent les coûts des assureurs» (Agefi). Les titres de ce genre se sont multipliés ces derniers mois.
Et ils inquiètent désormais aussi les spécialistes. La Société suisse d'endocrinologie et de diabétologie (SGED-SSED) a publié une prise de position dans laquelle elle appelle à davantage d’objectivité et à un débat approfondi.
Le débat sur les nouveaux produits amaigrissants «s'éloigne malheureusement de plus en plus d'une argumentation fondée sur des preuves pour se tourner vers des récits stigmatisant les personnes souffrant d'obésité», déplore la société. Une évolution jugée particulièrement préoccupante.
Selon les derniers chiffres, environ 43% de la population âgée de 15 ans et plus est en situation de surpoids ou d'obésité. Si les approches traditionnelles ne sont pas remises en cause, elles ne suffisent souvent pas, estime la SGED-SSED: «Les modifications du mode de vie – alimentation, activité physique et thérapie comportementale – restent la base du traitement de l'obésité. Pourtant, de nombreuses personnes concernées ne parviennent pas à atteindre ou à maintenir à long terme une perte de poids cliniquement significative et une amélioration de leur métabolisme grâce à des mesures uniquement axées sur le style de vie. De même, les interventions chirurgicales ne permettent pas, à elles seules, de répondre aux besoins croissants.»
En parallèle, les bénéfices des nouveaux traitements pharmacologiques sont désormais solidement établis sur le plan clinique. L’OMS et les principales associations professionnelles les considèrent comme indispensables dans la prise en charge de l’obésité et du diabète de type 2.
«De nombreuses personnes concernées ne parviennent pas à atteindre ou à maintenir à long terme une perte de poids cliniquement significative et une amélioration de leur métabolisme grâce à des mesures uniquement axées sur le style de vie. De même, les interventions chirurgicales ne permettent pas à elles seules de répondre aux besoins croissants.»
Si cela peut sembler être une prise de position en faveur de Wegovy, Ozempic et autres, le texte vise avant tout à rappeler certains principes. Les endocrinologues et les diabétologues appellent à une évaluation indépendante et approfondie des thérapies contre l'obésité, prenant en compte non seulement les coûts directs des traitements, mais aussi la charge indirecte des maladies liées à l’obésité. La société demande en outre que le sujet soit abordé avec respect, sans stigmatisation.
Ce point de vue est soutenu par la Swiss Multidisciplinary Obesity Society (SMOB) et l'Alliance Obésité Suisse. Dans l’ensemble, cette prise de position est un appel aux décideurs politiques, aux économistes de la santé, aux prestataires de soins, aux assureurs et aux représentants des patients pour qu’ils «s’unissent dans un dialogue autour de ce problème de santé publique majeur».