Fri-Santé: la permanence médico-sociale fonctionne à flux tendus

L'association Fri-Santé, située au boulevard de Pérolles à Fribourg, dresse le bilan d’une année 2024 marquée par une augmentation importante de la demande en soins. Active depuis plus de vingt ans, l’association propose une permanence médico-sociale ouverte à toute personne en situation de vulnérabilité dans le canton, à travers un espace de soins et d’orientation. Sa mission s'inscrit au-delà de l’accès aux soins pour inclure la prévention, la promotion de la santé et le respect des droits des patientes et patients.

«En raison d'une situation précaire, certaines personnes n'ont pas ou plus de couverture d'assurance-maladie et n'ont pas accès aux soins et à la prévention nécessaires à leur santé. C’est là qu’intervient Fri-Santé», explique l’association sur son site internet.

Or, chaque année, Fri-Santé fait face à une forte hausse de la fréquentation et de la demande en soins – une augmentation de près de 50% du nombre de consultations et de patients suivis au cours des dernières années.

En 2024, 1'712 consultations ont été dispensées, dont 949 médico-infirmières, 56 dentaires et 763 socio-administratives, notamment pour la constitution de dossiers d’assurance maladie. 162 nouveaux patients ont été pris en charge durant l’année, majoritairement des femmes. Il s’agit en grande partie de personnes vivant dans le canton, mais ne disposant pas de permis de séjour.

Fri-Santé gère également un projet nommé Grisélidis, dédié au soutien et à la prévention auprès des travailleurs et travailleuses du sexe, qui connaît lui aussi une hausse des besoins en consultations.

Pourtant, la dotation en personnel médico-social a été peu réajustée au vu de cette affluence croissante: les équipes «œuvrent à flux tendus», déplore l’association dans son rapport annuel. Et d’ajouter: «Assurer la pérennité de la structure constituera d’ailleurs l’un des défis majeurs de ces prochaines années.» Plusieurs postes clés doivent notamment être renouvelés.

Madeleine Christinaz, codirectrice responsable du programme Espace de soins, interrogée par le journal «La Liberté», résume ainsi la situation: Fri-Santé est «toujours dans l’urgence de garantir les prestations, face à une hausse des demandes».

Cette tension interroge: quelle prise en charge pour ces personnes si Fri-Santé n’est plus en mesure d’assurer pleinement ses prestations? Quelles retombées pour les services hospitaliers d’urgence? En l’absence de régularisation et d’assurance maladie, ces patientes et patients restent en marge d’un système dont l’exclusion se paie au prix fort, humainement et économiquement.