Antoine Hubert: «Nous aurions dû laisser les médecins de famille soigner les patients»

Le patron du Swiss Medical Network, Antoine Hubert, parle dans une interview accordée à Medinside de la pandémie corona, des mesures et des solutions possibles pour surmonter la crise.

, 27. Oktober 2020 um 08:00
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M. Hubert, quelle analyse faites-vous de la crise COVID-19 actuellement ? Quelle est la situation dans vos établissements ?

Nos hôpitaux sont en ordre de bataille, ils se sont mis à disposition pour intégrer les dispositifs cantonaux. A Genève, nous collaborons étroitement avec les HUG pour absorber une partie des opérations de patients non-COVID afin de leur permettre de mettre toutes les ressources sur les cas COVID. 50 chambres ont été mises à disposition. L’Hôpital du Jura Bernois collabore étroitement avec l’hôpital du Jura, la Clinique de Valère et son Centre Médical sont en renforts de l’Hôpital du Valais. Nous sommes partout prêts à annuler si nécessaire des interventions non-urgentes pour faire face. 

Que disent vos Médecins, vos soignants ? Sur quoi se concentrent-ils ?

Sur les soins et la réorganisation des équipes. Tout le monde est motivé et prêt à soigner la population. Au niveau du groupe, nous avons des stocks de matériel.

Dans certains cantons – comme le Valais ou Schwyz – dressent un constat bien plus critique. Est-ce lié à la politique hospitalière?

Le Valais et Schwyz ont été pris de court par l’évolution et l’afflux de patients. Cela démontre l’importance d’avoir une approche régionale et non cantonale de la planification sanitaire. 
«On ne peut contraindre une population, il faut l’informer et la convaincre d’une stratégie pour obtenir son adhésion.»

Dans une récente interview, vous avez parlé dun climat «anxiogène». Comment expliquez-vous cet alarmisme ?

Beaucoup de mesures, qui seraient en théorie efficaces, sont en réalité inapplicables dans un pays libre et démocratique. On ne peut contraindre une population, il faut l’informer et la convaincre d’une stratégie pour obtenir son adhésion. Cela a été parfaitement mené durant la première épidémie par le Conseil Fédéral qui a donné des consignes, claires et précises, qui ont été globalement suivie par la population. Certaines de ces mesures, comme l’interdiction des opérations électives, se sont avérées ensuite disproportionnées, mais personnes ne savait à l’époque à quoi nous avions affaire. La consigne donnée à la population de s’isoler 14 jours en cas de symptômes était également une erreur, nous aurions dû laisser les médecins de famille soigner les patients.

Si vous étiez Conseiller fédéral, quelle serait votre solution ? Quelles mesures seraient les plus efficaces ?

Je ne prétends pas faire mieux que le Conseil Fédéral, je pense cependant que la Task Force devrait être recomposée avec plus d’acteurs du terrain, des médecins et des entrepreneurs. Les mesures contraignantes visant à lutter contre les contaminations sont inapplicables et provoquent des dommages sociaux et économiques gigantesques et difficilement réparables. Aujourd’hui, il faut se concentrer sur : 1. informer le public de manière transparente et exhaustive, à l’image de ce que fait le canton de Zurich et 2. organiser les soins en impliquant tous les acteurs, publics et privés. Il faut par exemple donner une ligne claire aux médecins de ville pour les impliquer dans la lutte contre la COVID afin d’éviter que les hôpitaux soient surchargés. Nous avons en Suisse plus de 35 000 médecins, bien équipés, qui ne demandent qu’à soigner, c’est une chance inouïe.
«La population serait soulagée de voir qu’une vision et un plan existent et que le courage a remplacé la peur.»

Vous portez un regard critique sur l’obligation du port du masque et doutez également de l'utilité des quarantaines. Pourquoi ?

La transmission se fait avant tout par le toucher. Les gens portent (mal) leur masque et se croient dès lors protégés. Ils oublient de maintenir la distance et sont contaminés par contact. La politique de quarantaine avec les pays étrangers est inapplicable si on laisse les zones frontières incontrôlées, il ne reste donc que les effets négatifs sur le tourisme et la société. Les quarantaines dans le cadre du « contact tracing » sont illusoires, les gens sont prévenus trop tard, alors qu’ils ont déjà pu en contaminer d’autres. Là aussi, il ne reste que les effets négatifs, à savoir les perturbations dans les entreprises et la vie familiale. C’est toute la différence entre la théorie et la réalité.

Modifier la stratégie aujourd’hui troublerait encore plus les esprits...

Force est de constater que nous avons une nouvelle épidémie (et non une deuxième vague) et que nous devons maintenant nous concentrer sur la gestion de celle-ci, forts de ce que nous avons appris lors de la première. Soigner les gens, les informer, fédérer le monde sanitaire pour une réponse collective et adaptée. La population serait soulagée de voir qu’une vision et un plan existent et que le courage a remplacé la peur.
«Investissons dans les soins plutôt que dans la compensation des dégâts liés par des mesures inefficaces.»

Comment sortir de ce cycle de mesures strictes et de périodes de relâchement ?

En adoptant une stratégie focalisée sur le renforcement de l’appareil sanitaire dans son ensemble. Investissons dans les soins plutôt que dans la compensation des dégâts liés par des mesures inefficaces.

De façon plus globale, comment Swiss Medical Network traverse la crise? Quelle est votre évaluation de l'année 2020 pour votre groupe ?

Si les autorités laissent les acteurs sanitaires s’organiser, le secteur de la santé sortira renforcé de cette crise. Il faudra ensuite savoir en tirer les leçons pour être prêts lors d’une prochaine pandémie.

Selon vous, qui devra assumer les coûts supplémentaires et la perte de revenus ? La Confédération, les cantons, les assureurs ?

Les coûts supplémentaires sont et doivent être couverts par les tarifs fixés par les assureurs maladies. Ceux-ci pourraient d’ailleurs être augmentés provisoirement afin de faire face aux coûts engendrés par les mesures de protection et de prévention. En revanche, les pertes d’exploitation liées aux interdictions d’exercer doivent être prises en charge par ceux ou celui qui promulgue de telles interdictions, en l’occurrence, pour ce qui concerne la pandémie du début d’année, la Confédération.
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