Psychiatrie: l’IA peut-elle réduire les inégalités d’accès?

Pour la première fois, un essai contrôlé randomisé démontre qu’un chatbot reposant sur l’intelligence artificielle générative peut atténuer les symptômes de dépression et d’anxiété.

, 31 mars 2025 à 14:54
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Image symbolique: Cash Macanaya/Unsplash
L’intelligence artificielle peut-elle combler le fossé de l’accès aux soins psychiatriques? Une récente étude apporte des éléments de réponse prometteurs. Elle s’est penchée sur Therabot, un chatbot thérapeutique animé par une intelligence artificielle générative, entraînée puis affinée avec le concours d’experts en santé mentale.
C’est le premier essai clinique randomisé à démontrer l’efficacité d’un outil de ce type, fondé exclusivement sur l’IA générative, dans le traitement de certains troubles psychiques.
  • Heinz MV, Mackin DM, Trudeau BM, Bhattacharya S, Wang Y, Banta HA, Jewett AD, Salzhauer AJ, Griffin TZ, Jacobson NC. «Randomized Trial of a Generative AI Chatbot for Mental Health Treatment», dans NEJM AI, mars 2025.
  • DOI: 10.1056/AIoa2400802
L’étude, publiée dans la revue «NEJM AI» du «New England Journal of Medicine», s'est portée sur 210 adultes présentant des symptômes cliniquement significatifs de dépression majeure, de trouble anxieux généralisé ou de risque élevé de troubles du comportement alimentaire. Les participants ont été répartis entre un groupe bénéficiant d’une interaction avec le chatbot pendant quatre semaines, et un groupe témoin placé sur liste d’attente. Un suivi a été réalisé huit semaines après le début de l’expérience.

Amélioration des symptômes

Les conclusions sont encourageantes: les symptômes dépressifs ont diminué deux fois plus dans le groupe bénéficiant de l'intervention que chez les témoins. L’anxiété a également reculé de manière significative, tout comme les facteurs de risque liés aux troubles alimentaires.
Mieux encore, les bénéfices observés se sont maintenus, voire accentués, quatre semaines après la fin de l’intervention.

Relation thérapeutique atypique

Les participants ont passé en moyenne plus de six heures avec le chatbot au cours du mois d’intervention, traduisant un engagement soutenu. Nombre d’entre eux ont même déclaré avoir ressenti une relation thérapeutique de qualité, comparable à celle nouée avec un professionnel humain.
Ces premiers résultats ouvrent de nouvelles perspectives. En permettant une prise en charge personnalisée à grande échelle, ce type d’outil pourrait s'avérer particulièrement utile dans les zones sous-dotées en psychiatres ou pour les personnes en difficulté d’accès aux soins.
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