Bâle: l’Hôpital universitaire fusionne avec le Claraspital

L’un des plus grands hôpitaux de Suisse se reconfigure: l’Hôpital universitaire de Bâle reprend le Claraspital, situé dans la même ville – et renonce, en contrepartie, à la construction d’une nouvelle clinique.

, 8 juillet 2025 à 11:04
image
Hôpital St. Clara de Bâle | Image: DR
C’est un mouvement structurant dans le paysage hospitalier bâlois – et plus largement alémanique: l’Hôpital universitaire de Bâle (USB) reprend le Claraspital AG, propriété du couvent d’Ingenbohl, ainsi que plusieurs sociétés affiliées. L’opération vise notamment à créer un Comprehensive Cancer Center, réunissant les compétences oncologiques de la région sous un même toit.
Situé derrière la gare principale de Bâle, le Claraspital rejoindra ainsi l’orbite de l’USB, un rapprochement stratégique qui entraîne l’abandon définitif du projet de nouvelle Clinique 3, pourtant au cœur du «Campus Santé» planifié de longue date.
Les conseils d’administration des deux institutions, ainsi que le gouvernement du canton de Bâle-Ville, ont donné leur feu vert. La transaction reste cependant soumise à l’aval de la Commission de la concurrence. Aucun montant n’a été communiqué.
Le couvent d’Ingenbohl a décidé de céder la responsabilité de l’hôpital Clara en raison du vieillissement de la communauté des sœurs. La vente doit permettre «d’assurer la poursuite de l’activité de l’hôpital, avec son histoire presque centenaire», indique le communiqué.

Parmi les objectifs de cette fusion figure la création de nouvelles perspectives dans les domaines de la recherche, de l’enseignement et des soins médicaux. Le Comprehensive Cancer Center doit regrouper les prestations oncologiques – du diagnostic au traitement et au suivi – sous un même toit. La médecine viscérale sera également renforcée.
Les soins d’urgence sur le site du Claraspital seront maintenus et exploités à l’avenir conjointement avec le centre d’urgence interdisciplinaire de l’USB.
L’USB et le Claraspital soulignent leur mission d’intérêt public. La collaboration étroite avec la Faculté de médecine de l’Université de Bâle, l’Institut des sciences infirmières et les partenaires du Life Sciences Cluster sera encore approfondie.

Un projet de construction avorté

Cette reprise permet de regrouper les infrastructures hospitalières existantes, d’exploiter des synergies et de développer les prestations médicales de manière ciblée, précise le communiqué. Dans ce contexte, l’USB renonce entièrement à la construction de la nouvelle Clinique 3.
Le projet «Campus Santé», chiffré à plus d’un milliard de francs, a régulièrement fait l’objet de critiques en raison de ses coûts. En février déjà, l’USB avait annoncé renoncer à la tour imposante prévue pour la Clinique 3 – une décision censée permettre une économie d’environ 200 millions de francs.
Le coût total du bâtiment conçu par Herzog & de Meuron était estimé entre 400 et 500 millions de francs. L’ensemble du projet «Campus Santé» reste budgété à environ 1,7 milliard de francs.
  • Au cours de l’exercice 2024, le Claraspital a enregistré une perte annuelle de 0,38 million de francs pour un chiffre d’affaires d’environ 255 millions de francs. La marge Ebitdar est restée stable à 12,2%. De son côté, l’USB a réalisé un bénéfice annuel de 200'000 francs en 2024, se remettant ainsi d’un déficit de 46 millions de francs enregistré l’année précédente.
  • Grâce à cette fusion, l’Hôpital universitaire de Bâle prendra désormais en charge plus de 55'000 patients hospitalisés par an.
  • Dans le classement «World’s Best Hospitals» 2025 du magazine «Newsweek», l’USB occupe la 2e place au niveau national (12e rang mondial), tandis que le Claraspital se classe 7e en Suisse (124e rang mondial).

Partager l'article

Loading

Commentaire

Plus d'informations sur ce sujet

image

«Kidz»: Bâle lance un modèle d'hospitalisation à domicile en pédiatrie

Alors que la prise en charge d'enfants malades à domicile est déjà établie dans certains pays, Bâle ose désormais franchir le pas avec «Kidz», un nouveau projet pilote.

image

Helsana alerte sur la hausse des examens par TDM en Suisse

L’année dernière, plus de 600'000 personnes, soit près de 7% de la population, ont subi au moins un scanner du tronc. L’assureur s’inquiète de cette augmentation.

image

Septième cas mondial de rémission du VIH après une greffe de cellules souches

Un sexagénaire est considéré guéri du VIH. Selon des scientifiques berlinois, son cas est d’autant plus remarquable que les cellules souches transplantées n’étaient pas résistantes au virus.

image

Épilepsie et mort subite: «Une révolution culturelle s'impose»

Philippe Ryvlin, neurologue au CHUV, a identifié deux nouveaux facteurs de risque majeurs du décès soudain d’une personne atteinte d'épilepsie sans cause apparente. Interview.

image

RHNe: vers un seul site de soins aigus stationnaires?

En 2017, les Neuchâtelois avaient choisi de maintenir deux sites de soins aigus. Aujourd’hui, le Réseau hospitalier envisage de concentrer l’activité stationnaire aiguë sur un seul site, relançant ainsi le débat sur l’avenir de l’hôpital.

image

La CDS veut une attribution plus claire des prestations hospitalières

Les cantons entendent réorienter leur planification hospitalière et regrouper les offres spécialisées. Pour y parvenir, la CDS lance un plan en trois phases. Mais son application complète ne devrait pas intervenir avant au moins six ans.

Du même auteur

image

Agenda soins de base: H+ déplore la place accordée aux hôpitaux

L’association des hôpitaux H+ se positionne sur le rapport spécialisé de l’Agenda soins de base: pour elle, le rôle essentiel des hôpitaux et des cliniques n’y est pas suffisamment pris en compte.

image

À Berne, des parlementaires demandent une enquête sur Epic

Face au manque de transparence du Conseil d’État sur les coûts et les risques liés à l’introduction du système Epic, plusieurs partis exigent désormais l’ouverture d’une enquête parlementaire.

image

H+ restructure le domaine d'activité Tarifs

L'association des hôpitaux H+ séparera à l'avenir les thèmes tarifaires stationnaires et ambulatoires en deux départements. Roger Scherrer prendra la direction de ce département au 1er juin 2026 et deviendra membre de la direction.